Sans le savoir, certaines habitudes d’entretien de la maison sont mauvaises pour la santé, capables de déclencher, entretenir et aggraver des allergies respiratoires et même de l’asthme !
« Même si nous vivons sur une île, nous passons beaucoup de temps en intérieur et les patients ne sont pas toujours conscients des polluants présents chez eux », constate le Dr Emmanuel Florent, pneumologue.
Produits volatils
« L’asthme est une maladie inflammatoire des bronches, et toutes les expositions à des substances irritantes ou allergisantes présentes dans l’air sont susceptibles de déclencher, entretenir ou aggraver cette inflammation »,
commence le Dr Fediere Plissonneau, allergologue.
Situation dans les Dom
Une situation loin d’être anecdotique en Outremer, où la prévalence de l’asthme dans la population est systématiquement au-dessus de la moyenne nationale (13,2 %), avec 17,3 % en Martinique et 15,9 % en Guadeloupe. La Réunion se place en tête du palmarès avec 19,1 %. Certes, l’intensification des phénomènes de brumes de sable et des échouages de sargasses a sans doute une part de responsabilité, mais « c’est bien à la maison que l’essentiel se joue », insiste le médecin.
2 bons gestes à adopter
Aérer son logement
Réduire les composés irritants
Éliminer l’eau de javel !
Le nettoyage à l’eau de javel est une habitude préjudiciable qui entretient l’irritation des voies respiratoires. « Elle sert à désinfecter mais pas à nettoyer au quotidien, met en garde l’allergologue. On peut l’utiliser quand c’est nécessaire et en aérant après. »
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Effet cocktail !
La mise en garde s’applique en réalité à tous les produits ménagers. Ils représentent un risque si on les utilise avec zèle et en nombre, « du fait d’un effet cocktail des molécules chimiques qui va accentuer la réaction allergique du patient ». Évitez aussi les insecticides en spray « qui vont rester dans l’air », et n’abusez pas des huiles essentielles. Naturelles, elles n’en demeurent pas moins des irritants en puissance, « à commencer par le limonène, fréquemment utilisé ».
Mieux connaître les brumes de sable
Aujourd’hui, tout ce que l’on sait des brumes de sable provient des études américaines qui se sont intéressées à en caractériser les composants, tels des débris de sel… La brume de sable qui arrive en Martinique est-elle de même nature ? « Nous n’en savons rien… », reconnaît l’allergologue qui souhaiterait que soient mieux cernées les caractéristiques physico-chimiques de la brume de sable de Martinique « afin de mieux mesurer son impact et d’ajuster aussi recommandations et mises en garde ».
Serpillère et aspirateur
Il existe d’autres sources de pollution tout aussi délétères, comme le balai ! « Il soulève la poussière et la met en suspension dans la pièce », explique le Dr Fediere Plissonneau. L’idéal est plutôt d’utiliser un aspirateur et une serpillière ou alors la serpillière seule. Aussi, les draps de lits sont « à changer et laver une fois par semaine, impérativement, et à 60 °C ».
Clim et ventilo
Idem pour les climatiseurs, « même lorsqu’ils sont peu ou pas utilisés ». Il faut les faire nettoyer deux fois par an par un technicien, et laver les filtres tous les 15 jours. Quant aux ventilateurs, « les pales doivent être lavées avec une éponge tous les 15 jours. Une fois en marche, mieux vaut éviter de conserver une position fixe et privilégier le mode rotatif automatique », précise-t-elle.
Le saviez-vous ?
7 Martiniquais sur 10 estiment la qualité de l’air à l’intérieur de leur habitation comme plutôt ou très bonne. Ainsi, à la différence de la pollution de l’air extérieur, largement médiatisée, celle de l’air intérieur est relativement méconnue du public.
Source : « La qualité de l’air en Martinique et vous », enquête menée du 29 mai au 21 juillet 2017, Madininair.
Par Mathieu Rached (article paru en mars-avril 2020)