Dur, dur d’être une maman ! Dès que pointe le bout de notre ventre, on s’impose des exigences véhiculées par des pseudos modèles…
La société, la famille, véhiculent beaucoup de normes et d’exigences. « Cette perfection, remarque le psychologue Raphaël Spéronel, correspond à l’affichage d’une société en mal de définition de valeurs. » La jeune fille est très tôt confinée dans ce futur rôle par sa mère, sa grand-mère. Sitôt enceinte, on lui dira qu’elle sera forcément une mère parfaite, une super-maman. Vous avez dit pression ? On peut compter pour cela aussi sur les copines, amies, cousines et autres femmes du clan qui, loin d’être solidaires, l’accablent encore en s’étonnant « gentiment » de ses manquements : « Comment, tu ne l’allaites pas ?! »
On ne naît pas mère
Nous sommes toutes victimes de ces attentes qui pèsent sur nos épaules. Nous y contribuons nous-mêmes. Victimes aussi de cette idée de départ, erronée selon nombre de psychologues, que les femmes ont l’instinct maternel. La réalité est tout autre. On ne naît pas mère, on le devient. Quant à être une mère parfaite, c’est une autre histoire ! Est-on une mère parfaite parce qu’on garde son calme en toutes circonstances, qu’on n’est qu’amour et apaisement, qu’on est à l’heure chaque jour, qu’on cumule, combine et surmonte deux métiers, qu’on applique les meilleurs principes éducatifs, stimule la créativité de ses enfants, qu’on les nourrit de tendresse autant que de bons petits plats ? Mission impossible !
On a droit à l’erreur
Dans la réalité, une maman parfaite est avant tout une femme « au bord de la crise de nerfs » qui s’évertue à réaliser au mieux toutes les tâches qui lui incombent. Oui, il peut arriver à une mère d’oublier son enfant à l’école, d’être en retard, d’avoir une maison qui ressemble à un champ de bataille, de ne pas repasser le linge de ses enfants, de les nourrir de cochonneries, de hurler là où parler calmement aurait été plus « socialement » correct et du coup de se sentir coupable, de s’en vouloir…
Se libérer
De plus en plus de femmes assument de ne pas parvenir à répondre (ou de ne pas vouloir répondre) à ces idéaux de perfection. Certaines revendiquent même de ne pas sacrifier toute leur vie à leurs enfants. Elles avouent leur plaisir à reprendre leur emploi à la fin du congé maternité, reconnaissent mettre un casque sur les oreilles pour ne plus entendre les cris et les chamailleries… Pour résumer, elles osent se libérer de toute aliénation liée à la maternité. Plus facile à dire qu’à faire !
Être un modèle
Une maman sous pression, accablée par ses propres exigences ne va plus avoir d’existence propre. Elle va se couper de ses besoins, de ses émotions, de l’attention qu’elle se doit à elle-même. Elle se niera en tant que personne. Or, être une mère, c’est aussi offrir à ses enfants des modèles d’éducation et des exemples de vie cohérents. En ne prenant pas soin d’elle, elle n’apprendra pas à ses enfants à prendre soin d’eux, et donc à devenir autonomes. À l’inverse, en s’occupant d’elle, en se libérant du temps, en n’étant pas en permanence focalisée sur ses enfants, elle leur enseignera l’autonomie, l’attention à leurs propres besoins et le respect d’eux-mêmes.
Penser à soi
Une mère a le droit de penser à elle. C’est même un devoir. Elle a le droit d’être fatiguée, imparfaite, occupée. Comment l’enfant se positionnera-t-il face à cela ? Il sortira du schéma de l’enfant-roi, apprendra à faire lui-même, se rassurera sur ses capacités et nourrira sa confiance en lui. Que du positif donc ! Et puis, qui peut prétendre n’avoir jamais rien raté ?
Rester humaine
Les enfants peuvent nous excuser d’être en retard ou une colère injuste si nous sommes capables de leur dire la cause et tout simplement de leur demander pardon. « La perfection, pour une mère réside dans la qualité et la constance du lien d’amour et de socialisation qu’elle incarne, conclut Raphaël Spéronel. Dans l’attention et l’éducation de ses enfants qu’elle élève au rang de citoyen. Mais c’est aussi se réaliser en tant que femme, épouse, citoyenne. Il faut bien garder à l’esprit qu’un modèle idéalisé est inatteignable par définition. Rester authentique garantit la part humaine d’une relation.