La liane serpent stimulerait la sécrétion d’insuline. Mais son usage, comme celui de beaucoup de plantes antidiabétiques, doit être réalisé sous contrôle médical.
Appelée aussi liane Cayenne ou liane amère, la liane serpent (Tinospora crispa hook) s’utilise principalement en décoction des tiges et des feuilles, en cas de diabète non insulino-dépendant. « Son usage nous vient d’Asie. Elle est introduite dans la Caraïbe par la Guyane, puis aux Antilles récemment », explique Rémi Asensio-Joséphine, agronome et producteur-transformateur de plantes médicinales. Certaines plantes, telle la liane serpent, peuvent jouer un vrai rôle contre le diabète de type 2 (non insulino-dépendant). Un « diabète gras » où le pancréas peut produire de l’insuline, certes, mais pas assez pour parvenir à réguler l’excès de glucose, notre sucre naturel, dans le corps. Or, le glucose, sorte de carburant pour notre organisme, est indispensable à la vie et à notre cerveau, grand consommateur d’énergie. Ces plantes viennent mimer la sécrétion d’insuline (ou diminuer la résistance à l’insuline). Plusieurs études confirment l’activité hypoglycémiante de la liane serpent par augmentation de la sécrétion d’insuline du pancréas.
Effets indésirables
« Les scientifiques étudient ses propriétés mais les résultats sont encore controversés. Aujourd’hui, les mécanismes de la liane serpent ne sont pas encore suffisamment identifiés », signale Rémi Asensio-Joséphine. Celle-ci figure bien sur la liste B des plantes médicinales de la pharmacopée française, mais comporte « des effets indésirables potentiels supérieurs au bénéfice thérapeutique attendu » (1). Car de multiples recherches relèvent des effets toxiques, principalement hépatiques. En 2016, un homme de 57 ans, sans antécédents notables, est hospitalisé en Guadeloupe pour une hépatite aiguë. Il a ingéré, plusieurs fois, une préparation à base de liane serpent, mélangée avec de l’eau « pour nettoyer le foie ».
Troubles digestifs
Deux autres cas similaires sont auparavant relevés, signale le Bulletin de veille sanitaire de la Cire Antilles-Guyane. À Tourcoing, en 2007, une femme de 37 ans se rend à l’hôpital pour des troubles digestifs depuis 3 semaines, accompagnés d’asthénie et d’anorexie. Elle revient d’Indonésie où elle a consommé un médicament à base de liane. Ou encore ce patient de 49 ans,« ayant acheté sur un marché au Vietnam du Tinospora crispa, sous forme de pastilles pour soulager des douleurs dorsales chroniques ». La santé de ces patients s’est rétablie dès l’arrêt de l’ingestion de liane serpent.
Avis médical
Une étude épidémiologique, réalisée en Martinique en 2000, dénombre que « 60 % des diabétiques utilisaient des plantes en plus de leur traitement médicamenteux, parmi lesquelles la liane de Cayenne était la deuxième plante la plus utilisée ».
Pourtant, si les propriétés de la plante sont mal employées et inadaptées à un individu, elles peuvent s’avérer non seulement inefficaces, mais dangereuses. « Les plantes ne sont pas anodines. Le diabétique doit rester vigilant, en raison des interactions possibles, notamment, avec des traitements médicamenteux. Les effets indésirables peuvent toucher des fonctions vitales, dans le cas du diabète. C’est le médecin qui doit trancher si une plante peut être utilisée ou non », alerte Rémi Asensio-Joséphine. D’autant plus que la liane serpent ne doit pas être utilisée par les femmes enceintes, allaitantes, ni les enfants de moins de 12 ans. Suite à ces précautions et à un avis médical impératif, la liane serpent pourra être consommée en décoction ou en macération de 30 g par litre, à raison d’1 tasse 3 fois par jour.
À lire aussi :
Plantes et diabète : le bon dosage !
1) Liste B des plantes médicinales utilisées traditionnellement en l’état ou sous forme de préparation dont les effets indésirables potentiels sont supérieurs au bénéfice thérapeutique attendu. Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, 2017.