Les troubles du neuro-développement (TND) dits « dys » sont de plus en plus reconnus par le corps enseignant et de mieux en mieux diagnostiqués par les médecins. Heureusement, car ils nécessitent un accompagnement pluridisciplinaire le plus tôt possible.
Les troubles « dys » sont des troubles cognitifs spécifiques, qui affectent le langage oral (dysphasie), le langage écrit (dyslexie/dysorthographie), la coordination des gestes et l’habileté visio-spatiale (dyspraxies/trouble de l’audition centrale) ou encore l’attention (déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité). On estime que 8 % de la population est touchée : 4 à 5 % des élèves d’une classe d’âge sont dyslexiques, 3 % dyspraxiques et 2 % dysphasiques.
En médecine, ils font partie des troubles du neuro-développement (TND). Comme l’explique le neuro-pédiatre Henri Bataille, « la notion de neuro-développement prend en compte l’apport des neurosciences et de la biologie dans la connaissance du développement du cerveau, des fonctions cognitives et mentales. En classant les troubles « dys » comme TND, on peut les appréhender différemment et mieux analyser les causes et les conséquences des dysfonctionnements des circuits cérébraux. Ces troubles se développent dès la vie fœtale. C’est pourquoi il est important de les détecter le plus tôt possible, dès la petite enfance ».
Prise en charge pluridisciplinaire
Le diagnostic est à poser par un médecin (généraliste, scolaire, PMI) et doit être confirmé par une équipe de spécialistes lors de bilans (orthophonie, ergothérapie, neuropsychologie…). La prise en charge mise en place sera pluridisciplinaire, car les TND de type « dys » sont souvent associés. Une dyslexie peut, par exemple, nécessiter le suivi par un orthophoniste, un orthoptiste et un psychologue. La dyslexie et la dysorthographie, souvent liées, peuvent être associées à des troubles déficitaires de l’attention. « Des structures, comme l’Institut de médiation éducative de la Martinique (IMEM), proposent un dispositif pluridisciplinaire facilitant le parcours des enfants et de leurs parents », indique le médecin.
Le psychomotricien, pour la coordination des mouvements
Il intervient de manière transversale et précoce, avant le stade des apprentissages à l’école. Il sollicite l’ensemble du corps pour atteindre un équilibre entre les fonctions motrices de l’enfant et sa vie psychique. Il travaillera notamment sur la coordination des gestes, l’équilibre du corps et la motricité fine, en particulier en cas de dyspraxie et de dysgraphie.
L’orthophoniste, le spécialiste du langage
L’orthophoniste participe à la rééducation des troubles des apprentissages, notamment du langage écrit (dyslexie-dysorthographie) et des fonctions logico-mathématiques (dyscalculie). Il accompagne les enfants dans l’acquisition de leurs capacités à lire, à écrire, à s’exprimer et à gérer les quantités, les nombres et les catégories. Il accompagne aussi les enfants dysphasiques, présentant des troubles du langage et de la parole.
Le neuropsychologue, pour rééduquer les fonctions cognitives
Le neuropsychologue va permettre à l’enfant de développer ses capacités attentionnelles, sa mémoire, sa vitesse de traitement et ses fonctions exécutives.
Le psychologue, pour soutenir l'enfant et le parent
Au-delà du bilan et du suivi global, un accompagnement psychologique peut s’avérer nécessaire pour les enfants, souvent stigmatisés et mal compris à l’école. « La méconnaissance du trouble, par les encadrants comme par les enfants, peut entraîner rejet, moqueries, jugement », indique le Dr Henri Bataille.
L’ergothérapeute, le rééducateur
En rééduquant les gestes (tracer des courbes régulières sur une ligne droite, s’adapter à un support telle qu’une feuille…), l’ergothérapeute accompagne les enfants ayant des troubles de la dysgraphie (difficulté à écrire et à tracer) et de la dyspraxie (difficulté à coordonner ses mouvements). Il met également en place des outils pour compenser les difficultés rencontrées par l’enfant (l’utilisation d’un ordinateur, par exemple). Il l’aidera à coordonner aussi ses fonctions visuelles et ses gestes.
L’orthoptiste, pour l’acuité visuelle
Il est important de vérifier la perception visuelle de l’enfant, notamment en cas de dysgraphie, de dyslexie et de dyspraxie. Si nécessaire, l’orthoptiste pourra aider les enfants à résorber des troubles portant sur l’acuité visuelle, la qualité et les mouvements oculaires.
L'éducateur, pour bien vivre son TND
L’intervention de l’éducateur spécialisé ou de l’éducateur de jeunes enfants, formé aux troubles du neuro-développement, a pour objectif de soutenir la socialisation et de faciliter les apprentissages. Il participe au développement des compétences relationnelles et facilite l’intégration dans les lieux fréquentés par l’enfant (école, maison, loisirs…). L’éducateur propose un accompagnement psycho-éducatif répondant aux besoins quotidiens de l’enfant. Il travaille en étroite collaboration avec tous les autres professionnels et avec les parents.
Les parents, la clé de voûte
Souvent désemparés, les parents sont pourtant un point clé de la prise en charge des enfants concernés par les TND. « Il est important de les rassurer. Leurs enfants sont intelligents, et ont des faiblesses sur certaines habiletés très spécifiques, comme lire, écrire, compter », indique le Dr Henri Bataille.
Par Marie Ozier-Lafontaine