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Éco-anxiété : le mal du siècle ?

3 - Eco anxiété : le mal du siècle ?
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L’éco-anxiété est un syndrome lié à l’incertitude face à la crise climatique et sanitaire actuelle. Même si ce n’est pas une maladie officiellement reconnue par l’OMS, elle touche de plus en plus de personnes.

L’éco-anxiété peut se définir comme « une angoisse liée à l’incertitude face à la crise climatique et sanitaire ». Décrit en France en 2019, par le médecin Alice Desbiolles dans son livre L’éco-anxiété : vivre sereinement dans un monde abîmé, ce concept désigne l’angoisse de voir l’état du monde empirer avec la hausse des températures, la montée des eaux, ou encore le déclin de la biodiversité. Ce mal du siècle se manifeste de différentes façons et symptômes : inquiétude, peur, colère, chagrin, désespoir, stress… Les thérapeutes appellent ces patients les « climato-déprimés » ou les « éco-anxieux ». Ils ressentent de la tristesse et de la souffrance écologique.


Vulnérables

La crise sanitaire de 2020 a accentué ce sentiment d’angoisse face aux dérèglements climatiques. La pandémie nous a prouvé à quel point nous étions sensibles aux choses de la nature. Et face à l’afflux quotidien des mauvaises nouvelles, certaines personnes arrivent au bout de leurs ressources émotionnelles. Cela peut provoquer un effondrement psychologique pouvant aller jusqu’à la dépression. La crise de la Covid-19 a révélé une interdépendance des risques multiples (social, écologique, économique, sanitaire), ce qui peut démultiplier le sentiment d’anxiété. L’OMS a averti de l’impact considérable de cette crise sur la santé mentale.

Pensées suicidaires

Stressed african american manager working on laptop, touching head

Cet impact est encore plus important chez les jeunes ! 25 % des 18-25 ans ont des pensées suicidaires, 75 % des 16 à 25 ans jugent l’avenir « effrayant », et la moitié d’entre eux n’ont tout simplement plus foi en l’humanité. Ces chiffres, loin d’être optimistes, annoncent une « grande désillusion » chez les adolescents. Les jeunes ont l’impression que l’espèce humaine est condamnée. La prise de conscience de la dégradation de la planète est omniprésente chez les nouvelles générations.

Carpe diem

Tous les thérapeutes s’accordent sur l’importance, en cas de crise, de redonner au présent toute sa place. La vie est ici et maintenant ! Savoir se préserver, c’est aussi apprendre à profiter pleinement de sa vie, s’autoriser à vivre en harmonie et en toute sérénité. L’écopsychologie n’est pas comme la psychologie classique qui consiste à dire ses maux avec des mots, c’est aussi soigner ses maux par des actions. Bien sûr, il faut parler de sa souffrance, et surtout sentir que l’on n’est pas seul. Mais l’action est parfois la seule façon et la seule véritable voie de la guérison ! C’est pourquoi certains praticiens proposent de rejoindre une ONG ou une association. Mettre des actions dans sa vie : se soigner au naturel, moins consommer d’essence, moins prendre l’avion, devenir végan… Peu importe, il faut que nos actions aient du sens pour nous.

Effet papillon

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L’écopsychologie, terme inventé par Théodore Roszak, historien américain, c’est une reconnexion de l’être humain avec la nature ! Relier l’écologie avec la psychologie. « Il faut entrer en résonnance avec les éléments autour de nous. » Certains thérapeutes n’hésitent pas à se promener dans la nature avec leurs patients. Il s’agit de retrouver une « écologie intérieure », de travailler sur le corps et le ressenti. Car dans notre société, on met souvent de côté l’émotionnel en donnant la primauté à l’intellect. S’inquiéter pour la planète n’est donc plus réservé à une minorité de hippies végétariens ! Ce nouveau concept d’éco-anxiété devient un vrai sujet de santé publique, car il touche de plus en plus d’individus. Si l’action est la réponse adaptée, alors protégeons notre planète avec nos petites actions ! C’est l’effet papillon.

Comment aller mieux ?

homeopathy

– Déculpabilisez ! Nous sommes nombreux à ressentir cette anxiété. « Les éco-anxieux ont la capacité de voir que le monde ne tourne pas bien. Ils sont les personnes saines d’un monde qui s’ignore fou », décrit Charline Schmerber, psychologue.

– Lâchez prise : sans renoncer, sans vous laisser gagner par le découragement.

– Évitez la surconsommation médiatique, source d’anxiété. S’informer oui, s’intoxiquer non !

– Acceptez l’incertitude liée à la crise. On ne peut pas tout contrôler.

– Identifiez vos symptômes : pensées négatives, grande souffrance, peur diffuse avec répercussions sur votre humeur ou comportement…

– Demandez de l’aide ! La crise d’angoisse se caractérise par des tremblements, palpitations, impression d’étouffer, pression au thorax, vertiges, frissons ou bouffées de chaleur, maux de ventre…

– Sortez de l’hyper-anticipation : personne ne sait de quoi sera fait demain. Faites des projets à moyen terme (max 6 mois).

– Sortez de la rumination, pour vous tourner vers l’action. Mettez en place trois petites actions qui redonnent du sens à votre existence.

– Stop au sentiment d’urgence : ralentissez, effectuez des exercices de respiration, adoptez la méditation…

– Redonnez de la place à la nature. Observez la beauté du monde, utilisez les huiles essentielles, servez-vous des bienfaits des plantes, faites des bains immersifs en forêt.

Témoignages

« En décalage »

Après le confinement, je me suis sentie en décalage avec les gens de mon âge. À force de me poser des questions existentielles, de trop raisonner sur le long terme, il me devenait très difficile de vivre dans le présent. J’étais anxieuse en permanence, je gardais ça pour moi. Je me sens mieux aujourd’hui que j’ai pu dire mon mal à ma psy, et que cette souffrance n’est pas juste une simple sensibilité.

Géraldine, 15 ans.

« La vie d’avant »

Cette crise nous fait renoncer à la partie la plus agréable de notre vie « la vie d’avant » ! Je ne peux plus faire de sport, j’ai abandonné mes loisirs, plus de sorties, c’est l’angoisse d’attraper la Covid-19 dès qu’on touche ou embrasse quelqu’un que l’on aime !

Alice, 12 ans

« Peur pour mes enfants »

La peur de la solitude, le manque de contact social m’a énormément fragilisée. J’ai peur pour mes enfants qui travaillent au CHU. J’ai passé plus d’une année sans pouvoir garder mes petits-enfants. Ce manque d’affection m’a poussée vers la dépression. Je me suis vaccinée, juste pour pouvoir les embrasser. J’assume mes choix, mais je garde une profonde amertume de ces moments douloureux.

Angèle, 76 ans

Par Mandy Coubard, psychologue clinicienne, conseillère en naturopathie

 

 

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