Une pratique trop intensive peut-elle avoir des effets nocifs sur la santé ? Quel niveau de pratique ? Quels sports ? Quels effets (système immunitaire, blessures, libido, vie sociale…) ? Éclairages.
1 – L’accident cardiaque
Chaque année, l’effort provoque le décès brutal de 1 500 sportifs ! La cause en est la mort subite dont le mécanisme est lié, dans 85 % des cas, à une maladie coronarienne (pour laquelle il y a des sujets à risque qu’il faut dépister). L’exercice physique peut se montrer aussi redoutable pour les vaisseaux sanguins. Á l’effort maximal, les plus petits peuvent se rompre en cas d’anomalie vasculaire ou d’hypertension artérielle méconnue.
2 – Les blessures
Au-delà d’un entraînement quotidien, le risque de blessure est exponentiel. Et ce, encore plus dans les sports où les chocs font partie intégrante de l’activité. Le rugby par exemple, sport de combat collectif. Idem pour le handball, le football, le basketball où les percussions sont quotidiennes.
3 – L’arthrose
L’accumulation de contraintes mécaniques dans des sports traumatisants comme le ski, le tennis, le judo provoquent des fractures de fatigue, une probable usure prématurée des cartilages qui mène à l’arthrose, ou une rupture ligamentaire comme les ligaments croisés. Un grand classique chez les joueurs de tennis ou les skieurs ! La rupture du tendon d’Achille chez les coureurs à pied est aussi très courante.
Quels sont les signes ?
Une charge d’entraînement trop importante par rapport à vos capacités provoque une fatigue profonde. En situation de détresse, votre corps sécrète des hormones du stress qui entraînent une défaillance dans la rétroaction du système de régulation du stress, essentiellement au niveau de l’axe HPS (hypothalamo-pituito-surrénalien). Ensuite, la régulation hormonale et immunologique, le système cardiovasculaire, le métabolisme et le système nerveux central ainsi que le système nerveux autonome sont sévèrement impactés et vous vous sentez fatigué en permanence, sans espoir de récupérer d’une séance à l’autre. Plus vous vous entraînez, plus vos performances baissent à cause de cette fatigue qui ne vous quitte plus. Le repos total s’impose, ainsi qu’un bilan biologique pour identifier vos carences.
4 – Les problèmes digestifs
Lors d’un effort d’endurance très prolongé comme lors d’un marathon ou d’un ultra-trail, les problèmes gastriques sont fréquents. Les chocs provoqués par la répétition des impacts au sol à chaque foulée sont à l’origine de saignements du tube digestif. Ils peuvent également aboutir à des diarrhées.
5 - Les problèmes hormonaux
Dans les sports d’endurance, l’irrégularité du cycle menstruel chez les femmes, voire sa disparition pure et simple pendant des mois, est très courante. Chez les hommes, une pratique trop intensive fait baisser les taux de testostérone et d’hormone de croissance, avec pour conséquence, une baisse de la libido. Entre une sortie de 7 h pour un entraînement « choc » et sa sexualité, l’ultra-traileur devra choisir !
6 – Les capacités cérébrales
Une étude récente réalisée par des scientifiques (de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, en collaboration avec l’Insep, ainsi que l’Agence française de la lutte contre le dopage (AFLD)) a démontré qu’un entraînement trop intense nuirait à nos capacités cérébrales. Trop de sport provoquerait donc une réduction de l’activité du cortex préfrontal latéral, région clé pour le contrôle cognitif, et favoriserait les comportements impulsifs. Ces travaux ont été publiés dans la revue Current Biology. Et que dire des risques d’hémorragie lors des combats de boxe ou du jeu de tête en football ?
7 - L’isolement
Certains sportifs comme les triathlètes sont tellement obsédés à augmenter leur volume d’entraînement qu’ils se coupent d’une vie sociale et tombent dans le triptyque : natation-course à pied-cyclisme, boulot, dodo. Adieu les sorties entre potes, car demain matin, 6 h, une nouvelle séance d’entraînement les attend.
Le dos des athlètes mis à rude épreuve !
La spondylolyse, fracture de fatigue de l’arc osseux à l’arrière des vertèbres, se retrouve chez 3 % des sédentaires, contre 9 % des tennismans et 30 % des gymnastes. Par ailleurs, 68 % des judokas souffrent d’ostéochondrose vertébrale, cette douleur aiguë des os situés à l’avant des vertèbres. Idem pour les hernies discales. Un volleyeur sur deux souffre d’une hernie ou d’un écrasement discal, mis en évidence par IRM.
Par Bruno Coutant, professeur de sport au Creps Antilles-Guyane