À 76 ans, l’actrice pointoise Firmine Richard, tantôt fantasque, tantôt émouvante, n’a rien perdu de ses envies de tournage. Mais c’est aussi une femme et une mère engagée dans de nombreuses causes.
C’est tardivement, à l’âge de 40 ans, que Firmine Richard embrasse la carrière d’actrice avec un premier rôle mémorable aux côtés de Daniel Auteuil dans Romuald et Juliette. « Quand j’ai démarré cette carrière, j’avais déjà du plomb dans la tête. Dieu merci ! Cela m’a permis de passer de l’anonymat au rang de personne publique en gardant les pieds sur terre. Car, la célébrité change irrémédiablement votre vie, tant dans les relations avec les proches qu’avec les inconnus. On vous fait payer cher la célébrité, au propre comme au figuré ! Vous êtes également stigmatisée et mise en lumière par rapport aux agissements de vos proches. Ça a été le cas lors du procès de mon fils, Keneff. Il faut savoir se préserver. J’ai toujours réussi à rester moi-même et à évoluer au fil des expériences cinématographiques et théâtrales. J’ai appris ce métier sur le tas. »
Son fils, sa bataille
« Je viens de vivre le procès de mon fils unique qui s’est terminé le 10 mars dernier avec l’issue que l’on sait (son fils a été condamné à 19 ans de prison, NDLR). Du fait de ma notoriété, le procès a été très médiatisé. C’était très dur. Cette exposition rend vulnérable. Les médias exagèrent tout. Il faut gérer cette pression. Mon fils, c’est ma bataille, c’est ce qui me fait me lever le matin, j’ai signé à perpétuité lorsque je l’ai mis au monde. Je serai toujours sa maman. J’ai reçu beaucoup de soutien dans cette épreuve et, aujourd’hui, il faut que j’accepte les choses que je ne peux changer. J’espère qu’il sortira de prison de mon vivant. En attendant, il a choisi de reprendre ses études en prison et je vais lui rendre visite très régulièrement ! »
Au service des minorités
Firmine Richard a occupé le poste de conseillère de Paris, chargée des relations interculturelles de 2008 à 2014, et conseillère d’arrondissement jusqu’en 2020. « Je ne me suis pas engagée en politique pour le plaisir ! Mais pour donner une voix aux minorités. C’était un constat que dans les milieux culturels, artistiques, politiques, les minorités n’étaient pas, ou trop peu représentées. » Elle est également ambassadrice de la Fondation des femmes. Cette association, en passe de devenir fondation d’utilité publique, lutte pour les droits des femmes et contre les violences faites aux femmes. « Lorsqu’on est une femme, il est impossible de ne pas être sensible à la cause des femmes. Moi, j’ai la double peine : je suis femme et noire.
Causes de santé publique
Firmine Richard sait que la notoriété donne une visibilité et offre la sienne aux causes utiles. Elle s’engage volontiers lorsqu’on la sollicite, pour parrainer en Guadeloupe des manifestations pour le dépistage du cancer ou de sensibilisation à la drépanocytose ou au diabète. Cette maladie, qui affecte largement la population guadeloupéenne, elle en souffre également, et son fils aussi. « J’ai découvert mon diabète tardivement, mais je ne suis pas insulino-dépendante. J’ai entrepris de faire une sleeve (ablation d’une partie de l’estomac, NDLR) il y a 2 ans. Ce qui m’a permis de perdre 16 kg. Je me sens beaucoup mieux. C’est moins de poids à porter pour le cœur, les genoux où j’ai déjà une prothèse. Et j’ai pu faire baisser ma glycémie. » Firmine a également accepté de jouer dans Le souffle du dragon, de Stéphanie Pilonga, un téléfilm qui traite du cancer du sein.
Son actualité
– « J’ai terminé une série de six épisodes qui s’appelle Polar park et qui sera diffusée sur Arte. J’y joue un commandant de gendarmerie avec des hommes sous ses ordres. Ça donne une idée de l’évolution des mentalités. On n’aurait jamais vu ça il y a quelques années ! »
– En Guadeloupe, elle participe également au projet cinématographique Wish, nouvelle série télévisée imaginée par le réalisateur Julien Dalle, une saga familiale qui réunit de nombreux artistes antillais.