Par timidité, par peur de choquer… nombreux sont ceux qui ne parlent pas de sexe avec leur partenaire. Les conseils de Diane Alot-Nolar, sexologue clinicienne et sexo-analyste.
Pourquoi parler de sexe dans un couple ?
Beaucoup de personnes ne parlent pas de sexualité, souvent parce qu’elles ne sont pas à l’aise avec le sujet ou qu’elles appréhendent la réaction de l’autre. Pourtant, parler de sexe dans le couple peut se révéler un atout permettant de renforcer la complicité entre les partenaires, d’entretenir le lien, voire de le développer.
Quels en sont les bénéfices ?
En communiquant sur la sexualité, chacun peut faire part à l’autre de ses besoins, de ses envies, de ses préférences. Cette communication favorise une sexualité agréable, puisque chaque partenaire peut ainsi privilégier ce qui fera plaisir à l’autre. Elle permet aux partenaires de s’accorder au rythme et aux préférences de l’autre, de trouver des pratiques et des fréquences sexuelles qui leur conviennent. À l’inverse, discuter de ce qui ne va pas dans la sexualité, ou de ce qui met mal à l’aise, aide à trouver des moyens pour surmonter les difficultés sexuelles. Après des années de vie en couple, la sexualité peut devenir routinière et perdre en intensité. Car le plaisir sexuel se nourrit de la diversité : pas toujours dans la chambre, pas toujours la répétition des mêmes caresses, dans le même déroulement sexuel… La communication sexuelle favorise la mise en place de ces réajustements.
Quand en parler ?
Il appartient à chaque couple de déterminer le moment le plus favorable pour parler de sexualité (hors du lit, pendant les relations sexuelles, après…). Durant l’acte, la parole peut agir comme un aphrodisiaque qui augmente l’excitation en utilisant des mots romantiques, coquins, voire crus. En revanche, parler de sexe ne se fait pas uniquement pendant la relation sexuelle. Il ne s’agit pas d’intellectualiser ses ébats et être moins à l’écoute de ses sensations. Il est alors préférable de choisir un moment de détente et d’intimité où le couple a le temps d’avoir cette discussion autour de la sexualité, lors d’une sortie, par exemple.
Quels sont les risques du « silence sexuel » ?
L’absence de communication sexuelle revient à priver l’autre d’une meilleure connaissance de soi. Elle empêche le partenaire de comprendre les différents facteurs extérieurs (stress, mauvaise journée, problèmes professionnels, disputes…) pouvant influencer négativement la fonction sexuelle de l’autre (désir, érection…). Une méconnaissance risquant d’entraîner des frustrations et des insatisfactions sexuelles. En consultation, il est fréquent d’entendre dire : « Mon partenaire me connaît, je n’ai donc pas à lui dire ce dont j’ai envie et pourtant, je n’ai pas de plaisir. » Certes, les partenaires peuvent bien se connaître après des années passées ensemble, mais il n’en demeure pas moins que ce sont deux personnes distinctes, avec des attentes et des besoins pouvant être différents.
Comment en parler ?
La communication sexuelle dans le couple peut être orale, écrite et corporelle. Les partenaires peuvent utiliser une émission radio/TV ou un magazine pour amorcer le sujet (« J’ai entendu dire que, j’ai lu que… »). Ou écrire leurs préférences et leurs envies sexuelles sur un papier et les échanger. Ils peuvent aussi s’envoyer des SMS ou des e-mails décrivant leurs désirs sexuels avec, pourquoi pas, des scénarios sexuels qu’ils aimeraient essayer. Ils peuvent jouer au jeu des « si » (« Si tu étais une caresse, une position, une pratique sexuelle… laquelle serais-tu ? »). Plus directement, le couple peut se masser et/ou se caresser pour exprimer ses préférences, guider l’autre vers les parties du corps sources de plaisir et lui montrer le rythme des caresses ou des mouvements qui lui convient.
Que faut-il éviter ?
Il est important de parler de sexualité sans faire de reproches ou de critiques à l’autre, au risque de le blesser et de le vexer, voire de le bloquer sexuellement. Le couple doit parler de ce qui est positif dans sa sexualité, et ne pas exprimer seulement ses insatisfactions sexuelles. Une attitude qui risque de donner l’impression que « rien ne fonctionne ». Il faut donc faire attention à sa formulation et s’exprimer avec respect et diplomatie, préférer le « je » au « tu », souvent accusateur (« J’aimerais que l’on prenne davantage le temps de se caresser » au lieu de : « Tu bâcles toujours les préliminaires »). Attention à ne pas tomber dans l’inventaire d’un manuel d’utilisation, à être directif, et à ne privilégier que ses préférences sans tenir compte de celles de son partenaire. Des précautions qui s’appliquent également lorsque l’on parle de ses fantasmes. Il est préférable de prendre le temps de connaître l’autre. Certains fantasmes pourraient le perturber (domination/soumission, échangisme, relations à plusieurs…). Il est aussi important d’éviter de comparer physiquement et sexuellement son conjoint à ses partenaires précédents. Cela pourrait l’affecter, l’humilier, le complexer et engendrer des difficultés sexuelles (trouble érectile, baisse de désir, absence d’orgasme…). La communication sexuelle doit se faire sous le signe de l’empathie et de la tolérance. Chaque couple doit trouver la manière avec laquelle il est le plus à l’aise pour parler de sexe. Le cas échéant, le couple peut consulter un sexologue.