Leslie Ardon, ancienne championne de basket, revenue au pays en 2015, a créé une agence événementielle autour du sport. Avec une idée en tête : démontrer, à travers les valeurs du sport, que tout est possible.
Leslie Ardon est une battante. Déterminée, elle sait ce que c’est de relever des défis. Quand elle découvre le basket à 14 ans, elle ne se doute pas qu’elle deviendra une championne reconnue au niveau international, ni que le sport aura une place aussi centrale dans sa vie. Le sport a façonné son corps, mais aussi son état d’esprit. « Sans persévérance, sans discipline, on n’arrive à rien. Le sport m’a appris à avancer quoiqu’il arrive », dit-elle.
Tout quitter à 16 ans
Petite fille, Leslie est plutôt timide et réservée. Fille unique, élevée par ses grands-parents, elle s’ennuie ferme à la maison. Elle s’essaie à la gymnastique, à l’athlétisme, à la danse. À 14 ans, elle découvre le basket. Grande, mince, athlétique, elle constate qu’elle est douée. « Je sautais, je courrais, je n’avais pas peur de prendre des coups et j’aimais déjà les défis. » Repérée à 16 ans, elle s’envole pour la France pour être évaluée lors d’un regroupement en équipe de France.
Tout s’enchaîne à partir de ce moment-là. Après 1 an passé à Pau, elle intègre le meilleur centre de formation de basket à Bourges. Puis ce sera le New Jersey, au sein de l’université de Seton Hall, où elle évoluera en 1ère division de NCAA, le championnat universitaire américain. Suivront Bourges, l’Espagne, Nantes, Toulouse et de nombreuses victoires. Et des études qu’elle arrive à mener en parallèle, avec des diplômes obtenus en management du sport, en tourisme et en langues (Leslie est trilingue).
Opérations chirurgicales
« Un parcours de sportive de haut niveau laisse des traces sur le corps. Avec les ligaments croisés de mes genoux rompus coup sur coup, j’ai pensé arrêter. J’ai subi de nombreuses opérations, suivi plusieurs rééducations, connu les piqûres dans les genoux, pris beaucoup d’anti-inflammatoires… J’ai tenu bon, parce que j’aimais ma vie, et aussi parce que j’étais poussée par mon entourage professionnel. » Être sportive de haut niveau, c’est aussi répondre à des attentes, à une pression forte. Des partenaires, des sponsors, des entraîneurs, des médias… « Dans ce milieu, personne ne vous fait de cadeau. Le sport à ce niveau, c’est aussi du business. Martiniquaise, loin de chez moi, j’ai souvent été seule. Mais ça m’a forgé un mental d’acier ! »
Persévérance
Ce que le sport a aussi apporté à Leslie, c’est la persévérance et la capacité à miser sur ses forces. « Je n’étais pas la meilleure sur le terrain, mais je travaillais dur, j’étais disciplinée et exemplaire. C’était ma stratégie pour durer et cela m’a permis d’être capitaine ou co-capitaine de toutes les équipes dans lesquelles j’ai joué ! » Stratège, Leslie l’est aussi quand elle pense à son avenir. « J’ai pensé assez vite à ma reconversion, d’où mon acharnement à obtenir des diplômes, alors que ce n’était pas évident avec ma carrière de basketteuse. »
Sa fin de carrière, elle la passe à Toulouse, où elle vit ce que les sportifs appellent « la petite mort », ce moment où « tu passes des feux de la rampe à l’anonymat ». Elle s’investit alors dans sa reconversion professionnelle, retourne sur les bancs de la fac. Entourée d’étudiants âgés de 10 à 15 ans de moins qu’elle, elle comprend que c’est le moment de tirer sa révérence et de passer à autre chose.
Faire naître des vocations
En 2015, Leslie rentre au pays. Elle, qui a parcouru le monde et fait tant de rencontres enrichissantes, est enthousiaste à l’idée de revenir et de transmettre ce qu’elle a reçu à son île. Elle a de grands projets, autour du sport bien sûr. Elle crée une agence d’événementiel sportif, avec la ferme intention de changer le regard que les gens ont sur le sport. Car, elle le sait, le sport peut être un outil de développement. Mais le retour en Martinique n’est pas si facile. « J’avais un réseau international, certes, mais je n’avais pas entretenu mon réseau ici. Je suis repartie de zéro. »
La volonté de fer de Leslie aura raison des obstacles et son événement phare, les Summer Games, est organisé chaque année depuis 2018 en Martinique et pour la première fois en Guyane en 2022. Elle parvient à faire venir des champions de basket, de football, de handball, de volley… Ils partagent leurs parcours, leurs expériences, font des démonstrations, initient les jeunes à leur pratique. « L’idée n’est pas simplement de mettre des étoiles dans les yeux, mais de montrer qu’ici, on peut aussi faire de grandes choses, et pourquoi pas, faire naître des vocations. »
Concrétiser ses rêves
« Le sport m’a permis d’être résiliente, de savoir comment absorber des charges de travail énormes, de gérer mon stress. Je suis convaincue que le sport, qu’il soit de haut niveau ou non, peut apporter à tous de savoir comment dépasser ses limites pour concrétiser ses rêves. »
Le sport a aussi appris à Leslie à surmonter ses échecs. « Quand je suis rentrée en Martinique, j’ai constaté que les projets que j’avais imaginé lancer au départ étaient quelque peu surdimensionnés par rapport aux besoins du territoire. Ça a été très dur, car j’étais animée par un rêve tellement plus grand que ce que j’ai pu mettre en place au début ! Mais j’ai persévéré, et j’ai appliqué ce que j’avais appris pendant toutes ces années grâce au sport : la discipline, la résilience, la ténacité. J’ai réfléchi, ajusté, testé. L’entrepreneuriat, c’est un vrai marathon ! » Récompense symbolique s’il en est, Leslie Ardon est aujourd’hui chargée de la coordination du parcours de la flamme olympique en Martinique en 2024.
« Le sport, c’est la santé »
Ce n’est pas juste une maxime pour Leslie, mais une réalité. Si elle a arrêté le basket à cause de ses blessures, elle a gardé une bonne hygiène de vie. Tous les matins, week-ends compris, elle fait quelques exercices de fitness et de renforcement avant de commencer à travailler. « Heureusement pour moi, je suis une lève-tôt ! J’essaie aussi d’aller marcher dès que je peux. Je suis consciente que le sport génère des hormones comme la dopamine et l’endorphine, qui stimulent le cerveau, dont j’ai grandement besoin pour mener à bien mes projets ! Faire du sport me permet aussi de préserver ma santé. Cette citation de Jim Rohn, entrepreneur et coach américain, illustre bien ce que je pense : « Prenez soin de votre corps, c’est le seul endroit où vous êtes obligé de vivre. » »