L’association Ferti 971 est un regroupement de professionnels acteurs de la santé et de la fertilité. Fondée en 2021, elle a pour mission d’informer sur la fertilité et la santé reproductive, ainsi que de mener des actions de prévention en Guadeloupe et dans la Caraïbe.
L’association
Le Dr Lynda Pavili est une femme occupée. Entre sa casquette de biologiste médicale responsable de laboratoire, spécialisée en assistance médicale à la procréation (AMP) et celle de coordinatrice du réseau privé d’AMP de Guadeloupe, elle préside l’association Ferti 971 qu’elle a créée en 2021.
Autour de la biologiste de la reproduction, 25 adhérents bénévoles du secteur médical (gynécologues, médecins généralistes, biologistes médicaux, endocrinologues, sage-femmes, infirmiers, pharmaciens, techniciens de laboratoire) et des professionnels de l’accompagnement (psychologues, sophrologues, diététiciens, nutritionnistes, kinésithérapeutes et ostéopathes).
Réunis sous leur slogan : « L’infertilité en Guadeloupe et dans les Outre-mer, parlons-en, formons, optimisons », ils mettent en place des campagnes de sensibilisation sur la fertilité et forment des professionnels à la prise en charge et l’accompagnement des couples infertiles.
Les actions
« Notre premier événement a été un succès », se réjouit le Dr Pavili. Une conférence-débat (« Perturbateurs endocriniens et impact sur la fertilité ») avec une sommité nationale, le Dr Pascale Mirakian, endocrinologue-gynécologue spécialiste en santé-environnement. « Notre questionnaire de satisfaction a montré un public en demande d’informations », ajoute la présidente.
Le contexte
« On pense que l’infertilité ne constitue pas un enjeu politique. Or, il s’agit d’une vraie question sociétale qui n’est pas mesurée à sa juste valeur », clame l’experte. L’infertilité reste un problème majeur de santé publique.
En 2022, un rapport national fait état de 3,3 millions d’individus directement touchés par l’infertilité. 15 à 20 % des couples en souffrent. Dans l’attente d’une étude épidémiologique en Guadeloupe, le Dr Lynda Pavili alerte sur la situation locale : « Environ 150 couples consultent chaque année dans le secteur privé. C’est énorme ! » Beaucoup arrivent tardivement, « 4 ans, voire plus, depuis leur projet parental ». La spécialiste dénonce les idées reçues : « L’infertilité, ce n’est pas juste un problème de bonne femme ! Les hommes aussi sont concernés. » Il y a une forte baisse mondiale de concentration des spermatozoïdes. Beaucoup pensent aussi que l’infertilité est irréversible alors qu’il existe des moyens de l’éviter.
Les solutions
L’association Ferti 971 lutte pour une population actrice de sa fertilité. Parmi les solutions, le changement de mode de vie et de comportement. « Nous avons 52 % de personnes en surpoids ou obèses. Depuis 2014, on a progressé de 3 points chez les 31-45 ans, précisément ceux en âge de procréer », regrette la spécialiste. L’obésité est un facteur de troubles d’ovulation et fausses couches chez la femme.
Chez l’homme, la qualité de l’ADN des spermatozoïdes est altérée. Une autre solution est d’avoir plus de donneurs de gamètes (ovocytes et sperme). Selon la présidente de l’association, « il y a un déficit de messages pour susciter l’envie d’aider des couples en souffrance ». La fertilité relève de l’intime et est donc taboue. Le Dr Pavili en est consciente, mais elle est convaincue qu’avec son association et son équipe, elle pourra faire bouger les lignes.
Par Boni Kwaku
