Le premier mois après la naissance d’un bébé est précieux. Au-delà de l’émerveillement, un temps d’adaptation et de repos est nécessaire pour bien vivre la suite.
« On nous prépare beaucoup à l’accouchement, mais pas assez à l’après. » Ce sont les mots qui reviennent le plus souvent dans la bouche des mamans, relate Laëtitia Chestier, sage-femme à Petit-Bourg. Selon elle, de nombreuses futures mamans se projettent sur l’accouchement plutôt que sur leur récupération et la mise en place de la vie avec un tout-petit.
Période sacrée
Pourtant, dans de nombreuses cultures, ces 40 premiers jours partagés sont essentiels. Ils sont actuellement remis en avant en Occident, en raison d’un retour à des méthodes de naissance naturelles. « La période qui suit l’accouchement doit être consacrée au repos de la mère et au soin au tout-petit », conseille Laëtitia. Pour Pauline Aillery, chuchoteuse de bébé au Gosier, « la libération de la parole autour de la réalité du post-partum (la fatigue, les saignements, la douleur…) favorise également l’évocation du mois d’or. » Inspiré de la médecine traditionnelle chinoise, ce mois se traduit en Chine par le fait de « s’asseoir pendant 1 mois ». Il caractérise « un mois de récupération après l’effort intense que sont l’accouchement et la grossesse. C’est aussi le mois de la rencontre, où l’allaitement se met en place.
Chez la maman, il y a un chamboulement neurologique important qui s’observe à l’IRM. C’est ce qu’on appelle la matrescence, contraction de maternité et adolescence, caractérisée par une grande vulnérabilité. Il faut que la maman soit dans un petit cocon. Au niveau hormonal aussi, c’est une tempête. Et pour le couple, c’est un mois charnière qui permet de se découvrir parents », explique Laëtitia.« Finalement, c’est à l’accouchement que tout commence. Quand on ne s’est pas préparé à la suite, ce peut être difficile. Certaines femmes veulent retrouver leur vie d’avant, leur corps. Mais on est rattrapée, car un rythme de bébé ne colle pas à notre rythme de vie d’adulte, notamment en ce qui concerne le sommeil », éclaire Pauline.
Le bon rythme
Pour que ce mois soit le plus bénéfique possible, il n’y a pas de recette miracle. Il faut qu’il soit à l’image de la vie de la maman, avec des adaptations, et sans que celle-ci n’ait trop d’attentes ou ne se mette trop de pression quant au fait de « réussir ». Dans le cadre de leurs métiers, Pauline et Laëtitia accompagnent dans la bienveillance, sans jugement, tout en étant vigilantes. « Le mieux est de vivre au rythme du bébé, de suivre son élan naturel et d’être accompagnée plutôt que de recevoir une montagne de peluches », émet Laëtitia. « Ce qui est essentiel, c’est de rendre le quotidien (entretien de la maison, lessive, préparation des repas) le plus facile possible.
Il est bon aussi d’avoir des bulles pour prendre soin de soi en tant que femme qui vient d’accoucher (massage, rituel rebozo**) et de pouvoir confier son bébé, le temps de boire une tisane, d’appeler une amie ou pour prendre un bain. C’est aussi un moment privilégié pour être au plus près de son bébé (allaitement, portage). Et si la naissance a été difficile, il est important de pouvoir rapidement en parler à quelqu’un de confiance », ajoute Pauline. S’accorder du temps pendant ce mois, c’est aussi l’assurance de retrouver une énergie bien plus ample qu’en se remettant tout de suite dans l’action, ainsi qu’une bonne santé gynécologique (rééducation périnéale…).
Paroles de mamans
Plus d’infos
Le mois d’or. Bien vivre le premier mois après l’accouchement, Céline Chadelat et Marie Mahé-Poulin, préface de Bernadette de Gasquet, 2019.
*Formation dédiée à l’accompagnement des bébés sur les plans physiques, émotionnels, mental, et à faciliter le quotidien des parents.
**Le rituel rebozo est un soin ancestral et traditionnel d’origine mexicaine qui permet à la femme de se réapproprier son corps.
Par Bérengère Merlot