Quand victimes et agresseurs se réparent ensemble. C’est le but de cette forme de justice qui se développe en France. Explications.
Qu’est-ce que c’est ?
La justice restaurative (anciennement appelée réparatrice) a pour objectif de permettre un dialogue entre les victimes et les auteurs d’infractions pénales pour offrir réparation et apaisement. Mise en œuvre en France en mars 2017, cette mesure judiciaire fait déjà ses preuves depuis plus de 20 ans au Canada. En effet, un procès ne répond pas à toutes les questions. Tant pour les victimes que les condamnés.
Comment ça marche ?
Elle prend la forme de rencontres entre trois ou quatre auteurs d’infractions et trois ou quatre victimes qui ne sont, toutefois, pas directement confrontées à leurs agresseurs, mais avec des individus ayant commis des faits similaires. Ce peut être aussi des médiations. Dans ce cas, la victime fait face à son « bourreau ». La démarche n’est pas imposée. Les victimes et les auteurs d’infractions doivent être volontaires. Les victimes n’ont rien à débourser et les condamnés n’ont rien à y gagner. Pas de remise de peine en vue. Le juge n’aura pas accès aux échanges qui auront lieu durant ces rencontres. Mais avant que des condamnés et des victimes ne se rencontrent, une longue préparation les attend. Elle peut durer jusqu’à 1 an.
Un film à voir absolument !
Je verrai toujours vos visages, de Jeanne Herry est un film exceptionnel, qui met en lumière la justice restaurative. Jeanne Herry parvient avec justesse à rendre compte de l’impact d’une agression dans la vie des victimes et des conséquences du trauma. Le film illustre bien que l’acceptation passe d’abord par la compréhension de ce qui s’est passé. Il met également en lumière le travail approfondi et difficile qu’implique la justice restaurative pour tous les professionnels.
Quels sont les effets thérapeutiques ?
1. La reconstruction de la victime
Lui permettre d’exprimer son ressenti et ses émotions. Un événement traumatique, la violence (physique ou psychologique) est telle que les victimes connaissent souvent ensuite un sentiment intense de culpabilité et d’impuissance. Les conséquences du traumatisme psychique sont phobies sociales, anxiété, atteinte de l’estime de soi, troubles du sommeil, hypervigilance, dépression, culpabilité, colère, repli sur soi, troubles alimentaires, reviviscences traumatiques. Les victimes veulent transmettre aux auteurs la souffrance ressentie même des années après. Parfois, malgré le temps, un travail thérapeutique avec un psychologue, la victime n’arrive pas à se remettre. On parle alors d’un syndrome de stress post-traumatique.
2. La responsabilisation de l’auteur
Agresseurs, mais humains ! Tout l’enjeu est alors de leur faire prendre conscience de leurs actes. Les agresseurs ont très souvent recours de façon inconsciente à un processus psychologique puissant : la dissociation psychique. Ils se coupent de leurs ressentis émotionnels au moment des faits. S’y reconnecter est très violent pour eux, mais c’est ce qui leur permet une prise de conscience, de prévenir la récidive et lui permettre une meilleure réintégration dans la société.
Par Mandy Coubard, psychologue clinicienne