Entre sa réputation d’huile à graisses saturées, responsable de maladies cardio-vasculaires et son nouvel attrait minceur que vantent certains « people », que faut-il penser de l’huile de coco ?
L’huile de coco appartient à la catégorie très mal vue par les nutritionnistes des graisses saturées. Ces fameuses graisses sont accusées de favoriser l’apparition de maladies cardio-vasculaires par une élévation du taux de mauvais cholestérol (LDL). Mais tout le monde n’est pas d’accord là-dessus. En fait, ce serait l’excès et non l’usage qui serait problématique.
Premier principe : ne pas choisir n’importe quelle huile de coco : « Il est vrai que l’huile de coco, souvent extraite à l’aide de solvants chimiques, puis raffinée et désodorisée, est à éviter, explique Nadia Lee, diététicienne. On peut trouver dans les magasins de produits naturels des huiles vierges biologiques simplement extraites par pression. Ces dernières sont donc à privilégier même si elles ont un coût plus élevé. » Car l’huile de coco vierge, non hydrogénée, extraite à froid contient une proportion non négligeable d’acide laurique.
Bon et mauvais cholestérol
Un point positif réside dans le fait, poursuit Nadia Lee, que « comparés aux acides gras trans, les acides gras saturés restent un meilleur choix, car ils n’influencent pas négativement le cholestérol HDL (« bon » cholestérol). D’ailleurs, du remplacement des acides gras trans par des gras saturés (provenant entre autres de l’huile de coco), il résulte une augmentation du cholestérol HDL, un effet recherché pour l’amélioration de la santé cardio-vasculaire. De plus, les acides gras saturés naturels présents dans l’huile de coco auraient un effet moins néfaste sur la santé cardio-vasculaire que les acides gras trans résultant de l’hydrogénation partielle de certains acides gras ». L’huile de coco est également une huile qui contient des « triglycérides à chaîne moyenne » ou TCM. Ces TCM auraient divers avantages : ils délivrent plus d’énergie, contiennent un peu moins de calories (7 calories au gramme au lieu de 9) et sont plus facilement décomposés (donc moins de stockage de graisse par l’organisme).
L’avis de la spécialiste
« D’abord, une huile »
« Je pense qu’il ne faut pas voir en l’huile de coco un produit minceur ou miracle permettant de perdre du poids. Il faut garder en tête que l’huile de coco reste une huile qui contient comme les autres, 100 % de lipides (pour mémoire : 2 cuillères à soupe d’huile quelle qu’elle soit apportent 180 calories) et que, par conséquent, elle contribue à augmenter les réserves adipeuses si sa consommation est augmentée de façon injustifiée. »
Nadia Lee, diététicienne.
Limite les sucres rapides
Ce serait, selon les tenants du régime huile de coco, la formule idéale pour perdre du poids ou obtenir un meilleur rapport lipido-musculaire. Une étude révèle ainsi que les TCM permettraient d’augmenter le métabolisme de 12 %, contre 4 % avec les TCL. Ce serait donc bon pour le poids et pour la vitalité.
Les effets censément apportés ? Les gras saturés limitent l’absorption des sucres rapides dans l’organisme. Ces sucres sont responsables du pic d’insuline qui conduit aux grignotages et tend à convertir les sucres en gras abdominal. Ils apportent aussi une plus grande satiété et ont un effet dynamisant limitant la fatigue physique et mentale.
3 à 4 cuillères à soupe d’huile de coco tous les jours auraient un effet non négligeable. Au petit déjeuner ou à la place des huiles de cuisson ou d’assaisonnement, un filet d’huile sur le poisson grillé ou le riz, ou encore à la cuillère ! Évidemment ce régime ne dispense pas de faire de l’exercice et d’avoir une alimentation équilibrée. On considère alors que l’huile de coco est un catalyseur qui aide à perdre des kilos.
50 % des calories ingérées ?
Alors, miracle ou non ? Non. Car certes, l’huile de coco incluse dans un régime semble favoriser la perte de poids et augmenter la capacité de l’organisme à brûler les graisses ingérées. Cependant, ses effets sont extrêmement limités dans le temps. D’autre part, pour obtenir des résultats significatifs, il faudrait que les triglycérides à chaîne moyenne représentent 50 % des calories ingérées chaque jour, ce qui risquerait fort d’avoir un impact négatif sur la santé cardio-vasculaire de l’individu !
Alors, l’huile de coco n’est sans doute pas l’arme minceur dont vous rêviez, pourtant une huile à consommer, en alternance avec d’autres, à condition qu’elle soit de qualité optimale, extraite à froid.
« Plutôt de la coco crue ! »
Docteur Patrick Prieur, médecin nutritionniste
« Les acides gras de l’huile de coco sont de l’acide laurique. Ils tendent à augmenter à la fois ce qu’on appelle le mauvais cholestérol, mais aussi le bon. On ne sait pas encore lequel des deux cela favorise plutôt. Il est vrai que dans les protides de noix de coco, il y a essentiellement de l’arginine qui a pour effet de diminuer les triglycérides. On peut donc utiliser avec profit la noix de coco pour des diabètes de type 2.
La noix de coco associée à d’autres aliments contribue à faire baisser la glycémie, d’autant qu’elle contient aussi des fibres. Je dirais donc, la noix de coco crue, oui, l’huile de coco, non. Pour le diabète, oui, pour maigrir, non. En gardant bien à l’esprit que la noix de coco crue est tout de même hypercalorique ! On a sans doute extrapolé sur cet effet hypoglycémiant pour aller jusqu’à la perte de poids. Mais, quant à faire un régime avec de l’huile de coco, je suis extrêmement sceptique ! Pour moi, un régime repose sur les protéines et les fibres. »