Adolescence rime souvent avec acné. Une période parfois délicate à vivre pour nos enfants. La psychiatre Hanna Hatteea nous livre de précieux conseils.
Soudainement, ils sont apparus : les boutons ! Ils ont recouvert la peau de votre adolescent qui, il n’y a pas si longtemps, arborait une peau de bébé. Mais rien d’anormal à cela. L’acné débute en général entre 12 et 15 ans. Et dure en moyenne 4 à 6 ans, pour disparaître vers 18/20 ans.
Tous concernés
Selon les chiffres de la Haute autorité de santé, plus de trois adolescents sur quatre sont concernés. Tout comme 12 % des femmes et 3 % des hommes de 25 à 58 ans. Dans 20 % des cas, les personnes touchées présentent une acné modérée à très sévère. L’acné est une maladie chronique de la peau liée à des modifications hormonales. Elle touche les glandes sébacées et obstrue les pores. Des points noirs, qui sont des comédons ouverts, et des points blancs, comédons fermés, apparaissent. Ces derniers peuvent devenir inflammatoires à cause d’une bactérie (Propionibacterium acnes) formant des boutons rouges non purulents, des boutons purulents ou des nodules. Une personne peut présenter tous ces comédons à la fois.
Manque de confiance
Malheureusement pour les adolescents, ces boutons se situent essentiellement sur des zones visibles du corps : le visage, le haut du thorax, les épaules et le dos. Et certains peuvent mal le vivre, comme l’explique la psychiatre Hanna Hatteea. « Ceux qui ont de bonnes bases d’estime de soi peuvent le prendre de façon plutôt détachée, comme quelque chose qui ne durera pas. Mais d’autres peuvent éprouver de véritables sentiments de honte, de culpabilité et de souffrance. Il y a de vraies conséquences sur l’estime de soi. » L’acné peut alors avoir un fort impact sur le comportement. Ils auront tendance à se mettre en retrait et à s’isoler socialement. Ils peuvent même, dans des cas extrêmes, développer des troubles anxieux, comme de la phobie scolaire ou des dépressions caractérisées.
Que dire à son ado ?
Les parents, souvent désarmés, ne savent pas toujours comment réagir. Si rendre cette situation positive semble en soit difficile, ou du moins dépendant du caractère de l’enfant et de son degré d’acception de lui-même, il est néanmoins possible de l’accompagner afin qu’il puisse le vivre de façon plus apaisée. « Il ne faut pas banaliser son ressenti, ne pas hésiter à dire qu’on comprend que cela peut être difficile pour lui, conseille Hanna Hatteea. Il faut le rassurer sur le caractère transitoire de l’acné, être à l’écoute. Vous pouvez aussi vous informer des risques et y être attentifs. Et n’hésitez pas à consulter un dermatologue afin de soulager les symptômes et qu’il reçoive le traitement adéquat. » En cas de mal-être profond, n’hésitez pas non plus à consulter un thérapeute.
Free the pimple
Il existe depuis peu un mouvement venu des États-Unis, « l’acne positivity ». Des influenceurs très connus affichent leur acné sur les réseaux sociaux et s’assument. C’est notamment le cas de la blogueuse Mik Zazon, suivie par plus d’1 million de personnes sur Instagram. Ou la mannequin Lou Northcote, créatrice du compte Instagram @freethepimple (traduisez littéralement par « libérez le bouton »). De quoi aider les adolescents à mieux s’accepter ? « Ce mouvement peut effectivement aider certains jeunes à se sentir mieux compris, moins stigmatisés », confirme la psychiatre. Mais la spécialiste alerte également sur le revers de la médaille : « Attention aux déviances en lien avec les réseaux sociaux. Il y a un risque d’impact sur l’estime de soi par une fausse image positive. Et surtout, il existe un risque d’addiction. »
Par Chloé Gurdjian