Les substituts nicotiniques ont prouvé leur efficacité dans le sevrage de la dépendance physique au tabac. Mais parfois, c’est la dépendance psychologique qui est la plus forte. D’autres méthodes, moins classiques, font un tabac !
Qu’ils pratiquent l’hypnose, l’acupuncture, l’homéopathie ou l’EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires), les thérapeutes sont unanimes : leur méthode marche si le patient travaille avec eux. La méthode choisie n’est qu’un outil. À chacun de choisir celle qui lui convient le mieux pour construire sa nouvelle vie sans tabac.
Acupuncture
« Arrêter de fumer est une décision difficile qui implique beaucoup de changements. L’acupuncture vise à rééquilibrer les énergies des patients afin qu’ils puissent mettre en œuvre leur plan », explique Marjorie Lobry, médecin acupuncteur. Une séance commence toujours par un entretien pour cerner les motivations du patient. Pourquoi fume-t-il ? Pour lutter contre le stress, la fatigue, pour le plaisir ? Pourquoi arrêter ? Pour changer de vie, pour des raisons financières ?
L’acupuncture fait partie de la médecine chinoise qui repose sur le concept du flux des énergies. Avec les aiguilles et les cautérisations à l’armoise, le thérapeute enlève l’énergie en trop (en piquant) ou ajoute l’énergie manquante (en chauffant). L’énergie circule mieux, les émotions sont apaisées et le patient peut mener à bien son projet. Il s’agit de traiter davantage les causes de la pratique addictive plutôt que le sevrage en lui-même. Bien qu’il existe quelques points répertoriés (les points chiapi) pour l’arrêt du tabac, une véritable séance d’acupuncture doit se faire sur mesure et idéalement une fois par semaine jusqu’à ce que le patient se sente totalement sevré.
Hypnose
« C’est un outil pour accompagner le patient dans sa démarche. L’avantage, c’est que plus on pratique l’hypnose, plus le corps reconnaît les mécanismes qui entrent en jeux et peut les réutiliser facilement », explique Andrée Sagnes, infirmière et hypnothérapeute. Comme pour une séance d’acupuncture, il s’agit d’abord d’identifier les causes du tabagisme, à travers un entretien préalable. Souvent, l’addiction à la cigarette est une dépendance psychologique liée à la gestion des émotions : stress, colère, détente, plaisir…
L’hypnose permet de reprogrammer l’inconscient pour dissocier la cigarette de ces émotions par une technique de suggestions personnalisées et de constructions métaphoriques adaptées à chaque patient. « Une séance se déroule en deux temps, avec d’abord une étape de relaxation qu’on appelle mise en état modifié de conscience, et ensuite un temps de travail sur l’objectif en lui-même. » Pour la thérapeute, l’hypnose marche à tous les coups pour arrêter de fumer dès lors que la volonté du patient est là, mais ne garantit pas les rechutes.
Thérapie EMDR
Cette approche de psychothérapie, découverte à la fin des années 1980 aux États-Unis et largement utilisée depuis dans le traitement des états de stress post-traumatique (viol, deuil, accident, mais également pour les victimes d’attentats ou les vétérans de guerre), peut être un outil efficace dans le sevrage tabagique. « La base de l’addiction vient d’une anxiété, explique Alexandra Muller, psychologue clinicienne victimologue. L’EMDR va enlever les raisons de cette anxiété et, donc, les raisons de fumer. »
L’EMDR, thérapie validée par la Haute autorité de santé, utilise la stimulation sensorielle par le mouvement des yeux pour induire une résolution rapide des symptômes liés à des événements du passé. « À la suite d’un événement brutal, inattendu et inexpliqué, nous pouvons développer un sentiment d’insécurité, de faute, ou encore une mésestime de soi, explique la psychologue. La thérapie EMDR revient sur cet événement précis pour désensibiliser rapidement et définitivement le patient. L’EMDR permet de le débarrasser de ce ressenti irrationnel. Les effets sont bluffants.» En général, trois ou quatre séances suffisent. Le praticien doit avoir suivi une formation reconnue et appartenir à l’association EMDR France (http://www.emdr-france.org).