L’annonce d’un cancer est vécue comme un traumatisme, un tsunami qui vient changer le cours d’une vie. Il n’y a aucune recette miracle pour annoncer une mauvaise nouvelle. Pourtant chaque mot compte, et les patients ont des attentes, des droits et des réactions singulières.
Le dépistage
Le cancer du sein est le plus fréquent en France. Il représente la première cause de décès par cancer chez la femme. Il fait l’objet d’un programme national de dépistage organisé afin d’être détecté précocement et d’en réduire la mortalité. Dès 50 ans, le dépistage individuel laisse la place à un dépistage organisé : tous les 2 ans, toutes les femmes de 50 à 74 ans sont invitées à pratiquer une mammographie dans le centre de radiologie de leur choix. Cet examen est gratuit.
Lorsqu’une anomalie est découverte, différents examens sont demandés pour confirmer ou infirmer un diagnostic de cancer du sein. Examen clinique, mammographie, échographie, biopsie et analyse de la tumeur ainsi qu’un bilan d’extension. Les traitements dépendent de la nature de la localisation et du stade de la maladie (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie). Ils peuvent être utilisés seuls ou en association selon les caractéristiques de chaque tumeur.
L’annonce du diagnostic
C’est une consultation longue et spécifique qui est dédiée à l’annonce du diagnostic. Elle est réalisée par le médecin, acteur du traitement, et représente un moment fort de la relation de confiance entre soignants et patients. Elle doit renforcer la prise en charge des patients. Le but est d’informer le patient sur sa maladie et surtout les alternatives thérapeutiques. L’annonce d’un cancer est souvent vécue comme un traumatisme. Avant, il y a le doute, l’inquiétude, le non-dit… Puis le diagnostic tombe comme un couperet. Le futur semble incertain. Annoncer, c’est communiquer, faire savoir quelque chose de difficile à entendre.
4 facteurs importants lors de l’annonce
Le temps
L’écoute active
Les mots choisis
Être accompagnée
Le mot du médecin
« C’est toujours difficile d’annoncer un diagnostic de cancer, mais avec l’expérience, en prenant le temps, on peut sûrement rendre cette information audible et faire de la consultation d’annonce un moment fondateur dont la femme se souviendra et qui lui permettra de comprendre, d’accepter sa maladie et de mieux se battre. Il est important de dire la vérité, de renvoyer des choses positives, surtout de parler de guérison », explique un médecin oncologue.
Les retentissements
Les patientes parlent de la mauvaise nouvelle comme « d’une tornade ». Elles développent des mécanismes de défense qui permettent de protéger l’équilibre psychologique. La Haute autorité de santé répertorie 5 mécanismes de défense observés lors de l’annonce. La patiente peut passer d’une attitude à une autre.
– L’état de sidération : état de choc, incapacité de penser, agir ou réagir.
– Le déni : très rare en cancérologie (personnalités particulières), le patient nie totalement la réalité, la menace de mort n’est pas comprise. Difficile pour le médecin qui ne sait pas s’il doit refaire l’annonce, ou pense que le diagnostic n’a pas été clair.
– La projection agressive : revendication agressive visant à désigner des responsables de la souffrance. Les proches ou les soignants sont accablés de reproches ou de réactions disproportionnées.– La régression : le malade s’immerge totalement dans sa maladie, il abandonne toute autonomie ou volonté et met en place des comportements inadaptés ou infantiles.
– La combativité : trouver du positif, donner du sens. Il s’agit de rendre utile la souffrance dans le combat de sa maladie. Parfois, la sublimation peut donner lieu à une création artistique, un engagement social ou associatif.
« L’entourage doit savoir être présent, et se retirer parfois »
« J’ai appris que j’avais un cancer du sein un jeudi matin à 10 h 15. On n’oublie pas les mots, l’endroit, la luminosité, le médecin… Tout compte, même si sur le coup, on ne comprend pas ce qui se passe. Je me souviens de la main de mon mari sur mon bras, de la patience du médecin. Je voulais savoir si j’avais des chances de survivre à cette maladie. J’ai d’abord eu besoin de pleurer seule, de m’isoler, j’étais découragée, très triste et angoissée. J’ai tout de suite compris que je devais consulter un psychologue. Il y a des choses que l’on ne peut pas dire à son entourage, comme la peur de mourir, la peur de la douleur, du regard des autres.
Pourtant, l’entourage compte. Il faut continuer à vivre, à sortir, à rire, à penser à autre chose que le cancer ! Je me suis entourée énormément, puis j’ai eu besoin de m’isoler aussi, surtout dans les moments difficiles de la chimiothérapie. L’entourage doit savoir être présent et aussi se retirer parfois. J’ai trouvé les ressources en moi (marche, couture, naturopathie, profiter de mes enfants au maximum dans des moments privilégiés), pour être plus combative, aimer la vie chaque jour, espérer la guérison, trouver le positif dans l’amélioration de mon état de santé. Je suis sur la fin de mon traitement, je reste positive et j’espère pouvoir écrire mon histoire. »