Leur évocation provoque souvent des frissons dans le dos. Océane Beaufort, coordinatrice du Réseau requins des Antilles françaises, lève le voile sur ces créatures méconnues.
1. Les requins sont des poissons cartilagineux.
Leur corps est constitué de cartilage et non d’os (les arêtes) comme c’est le cas pour les poissons osseux. Ils sont apparus il y a 400 millions d’années, bien avant les premiers dinosaures.
2. Si un requin arrête de nager, il coule !
C’est pour ça qu’on ne voit jamais de requin statique en pleine eau. La flottaison est gérée par la vessie natatoire chez les poissons osseux. Les poissons cartilagineux en sont dépourvus et possèdent à la place un foie de plus grande taille qui est riche en huile (squalène) pour lui permettre de gérer sa profondeur. Mais ce n’est pas suffisant pour permettre à l’animal de rester statique en pleine eau.
3. Dans nos eaux, on dénombre une cinquantaine d’espèces.
Une cinquantaine d’espèces ont été identifiées à ce jour dans les Antilles françaises.
Mais 56 % des espèces sont menacées d’extinction. C’est le cas notamment du requin citron, du requin nourrice et de la raie léopard. Et près de 20 % pourraient le devenir prochaînement, comme le requin tigre et la raie pastenague américaine. Le requin nourrice, également appelé requin dormeur ou vache de mer, est le plus fréquent dans toutes les Antilles françaises.
4. Tout le monde peut contribuer à leur suivi.
L’association Kap natirel, qui coordonne le Réseau requins des Antilles françaises, a mis en place un programme de sciences participatives ouvert à tous. Si vous apercevez un requin, partagez cette information sur les pages Facebook et Instagram de Reguar, le Réseau requin des Antilles françaises, par Whatsapp (+590 6 90 08 05 44) ou par mail (reguar.97@gmail.com). Un dépliant est disponible sur le site internet pour vous permettre de l’identifier. Un autre programme de suivi (Ina Scuba) est réservé aux clubs de plongée. Cela peut permettre d’identifier de nouvelles espèces ou les lieux qu’ils fréquentent préférentiellement. L’association mène également différentes études dans le cadre des actions du Réseau requins des Antilles françaises.
5. Les requins sont tous carnivores.
Ils mangent toutefois des animaux de toutes les tailles et natures. Cela va des petits organismes planctoniques consommés par le requin baleine jusqu’à des tortues et des mammifères marins qui sont au menu du requin tigre, en passant par des invertébrés et des petits poissons pour le requin nourrice.
6. La taille des requins peut dépasser les 18 mètres !
C’est le cas du requin baleine, qui ne mesure pourtant que dans les 50 cm à la naissance. La plupart des individus observés dans les Antilles françaises sont généralement de petites tailles (moins de 8 m). La taille des requins dépend des espèces et de l’âge des individus.
7. Leur mâchoire peut compter plus de 6 000 dents.
Elles sont réparties sur 6 à 20 rangées, mais seule la première est utilisée.
8- Les requins présentent peu de dangers pour les humains.
Le nombre d’accidents mettant en cause des requins est très faible, dans le monde. Un requin est toutefois en mesure de se défendre, notamment s’il se sent menacé. Il faut donc garder son calme et éviter les gestes brusques (par exemple, garder les bras et les mains le long du corps), garder le contact visuel, et éviter toute stimulation (appâts, flash, bouteille en plastique…) quand on en rencontre un. Il y a toutefois peu de chances pour que cette interaction devienne négative. D’ailleurs, l’économie basée sur l’observation de requins est en plein essor à travers le monde.
9. La pêche de loisirs des requins est interdite depuis 2019 dans la plupart des Antilles françaises.
Cela vaut pour la Guadeloupe, la Martinique et Saint-Martin. La pêche professionnelle est réglementée, avec des spécificités selon ces territoires et les espèces de requins. À Saint-Barthélemy, la pêche professionnelle, comme celle de plaisance, est limitée à certaines périodes et espèces de requins.
10. Tout le monde peut agir pour les protéger.
Notamment en respectant la réglementation concernant leur pêche. Et en cas de capture accidentelle, il faut relâcher l’animal à la mer dans les meilleures conditions, qui sont détaillées dans un guide disponible sur le site internet de l’association Kap natirel. Par ailleurs, favoriser l’achat des poissons et mollusques auprès de pêcheurs qui pratiquent une activité durable permet de protéger les proies des requins. On peut également protéger leurs habitats (récifs coralliens, herbiers et mangrove) en respectant l’environnement aquatique en ne jetant pas de déchets, de produits (mêmes cosmétiques) et d’eaux usées dans la mer et les rivières.
Pour en savoir plus : www.kapnatirel.org.
Par Katia Delaval