Notre engouement pour la décoration de notre logement en dit long sur notre for intérieur ! Ce n’est pas pour rien que l’on donne à sa maison l’image d’un nid ou d’un cocon. Tel un oiseau construit son nid avec des brindilles, nous le décorons avec des objets !
Nous serions plus de 70 % à nous intéresser à la déco de notre intérieur. Un véritable phénomène de mode qui démontre un besoin majeur de nous y recueillir.
Se réfugier
Dans un contexte économique, social et politique en crise, nous avons plus que jamais besoin d’une zone de confort et de réconfort nous permettant de lâcher-prise dans une bulle sécuritaire. L’engouement croissant pour la déco esquisse alors un repli sur soi exacerbé par la crise. Aujourd’hui, la maison est devenue un refuge.
Après une journée harassante passée à l’école, au travail ou dans les embouteillages, la plupart d’entre nous n’ont qu’une envie : rentrer à la maison ! Faire de son home sweet home un lieu de bien-être et un havre de paix. C’est ainsi que le marché de la décoration explose avec un nombre croissant d’enseignes. Chaînes spécialisées, grandes surfaces, petits détaillants, e-boutiques et même des groupes de prêt-à-porter ! Et des slogans évocateurs : « Votre maison vous ressemble », « Vive la vie à la maison », « Changeons le monde de l’intérieur ». Comme il en faut pour tous les goûts et tous les portefeuilles, la déco devient accessible à tous.
Les enseignes peaufinent leurs offres pour attirer les consommateurs et tenter de conquérir de nouveaux espaces, avec par exemple des enseignes positionnées sur la décoration de petites surfaces, sur la déco d’extérieur… Ce comportement instinctif de repli dans une coquille protectrice se retrouve alors travesti en réponses matérialistes.
S’affirmer
La maison, c’est aussi le lieu où l’on abrite sa famille, la « cellule familiale ». On décore nos foyers pour nous y sentir bien ensemble. Les valeurs familiales redeviennent ainsi privilégiées. La répartition de l’espace chambre, par exemple, est repensée comme indispensable. L’endroit est souvent privé pour que chacun puisse s’approprier un espace à soi, choisir sa propre déco, s’affirmer et dire ce qu’on a à dire !
A. Rioux a démontré que les gens qui s’approprient/décorent eux-mêmes leur chambre ont une meilleure estime d’eux-mêmes. Nous voyons alors le lien étroit entre le chez-soi et le soi ! Voilà pourquoi notre maison révèle tant de nous. Quand on ouvre notre porte, on se dévoile ! Non ? Certains indices révèlent un peu de notre personnalité : couleurs, photos, objets, rangements, textures, luminosité, ordre ou désordre, lumière, tableaux… À travers la décoration, nous exprimons nos choix et nos attirances.
C’est pourquoi certains objets reflètent nos états psychiques. La « psycho décoration » se porte alors à décoder ces liens entre nous et objets extérieurs. Le chez-soi est pareil à un miroir de soi. On parle bien de son intérieur… La maison devient la manifestation extérieure de notre moi : qu’est-ce que je montre de moi ? Qu’est ce que j’ai à dire ? C’est comme une conversation intime entre le dedans et le dehors. Notre « habitat » nous enveloppe tel un vêtement, une seconde peau que l’on tisse soi-même tel un cocon.
Qu’est-ce que je choisis pour m’entourer ? Cette affirmation de soi dans le fait de décorer sa maison, est de plus en plus réfléchie et consciente ! C’est le « consommer intelligemment », le concept d’« éco responsabilité » etc. Ce penchant pour la déco révèle donc une partie essentielle de l’être humain, la partie créatrice : nous devenons décorateur intérieur, nous affirmons notre identité et personnalité en étant acteur et créateur. Quel beau progrès ! Car au-delà de la surconsommation, la déco semble améliorer l’estime de soi et soutenir le soi. Autrement dit, la décoration de nos maisons optimise l’équilibre psychique.
Par Mandy Coubard, psychologue clinicienne