Aux Antilles, nombreux sont les diabétiques qui consomment ce légume vert. Des études tendent aujourd’hui à démontrer les bienfaits du gombo sur le diabète.
1. Réduit le taux de sucre
« Le gombo est riche en fibres alimentaires. Notamment en fibres dites solubles (environ 40 % du total). Ces dernières ont la particularité de ralentir l’absorption des glucides (les sucres). Elles réduisent l’élévation du taux de sucre sanguin après un repas, principale problématique des diabétiques », explique Andrès Lopez, diététicien. Des recherches démontrent en effet que le gombo diminue le niveau de sucre dans le sang. Dans une étude publiée par la revue américaine ISRN Pharmaceutics, des chercheurs administrent à des rats, de l’eau dans laquelle ils ont fait tremper des lamelles du légume. Leurs taux de sucres dans le sang en avait été significativement réduits. D’ailleurs, en Turquie, les graines de gombo grillées (comme substitut de café) sont utilisées traditionnellement dans la lutte contre le diabète pour faire baisser la glycémie (1).
2. Prévient les complications
« En plus de diminuer la résistance à l’insuline, les extraits de la plante ont un rôle dans la prévention des néphropathies diabétiques (Peng et al, 2019) », souligne Jean-Louis Longuefosse, docteur en pharmacie. La néphropathie diabétique, ou complication rénale du diabète, est due à une élévation du taux de sucre dans le sang, altérant le fonctionnement du rein. « D’autres propriétés du gombo sont intéressantes. Il est anti-inflammatoire, neuroprotecteur, anti-ulcéreux, cardioprotecteur, immunomodulateur… », ajoute Jean-Louis Longuefosse. Riche en vitamine C et en anti-oxydants, le gombo préviendrait certaines maladies malvenues en cas de diabète. Les fibres alimentaires du gombo agiraient aussi contre certaines maladies cardiovasculaires (infarctus, AVC…). « Les fibres solubles limitent l’absorption des graisses et du cholestérol alimentaire. Elles participent à la prévention des désordres lipidiques tels que l’hypertriglycéridémie et l’hypercholestérolémie, deux facteurs de risques cardiovasculaires majeurs très souvent associés au diabète », ajoute Andrès Lopez, diététicien.
3. Faible en calories
Le gombo, Abelmoschus esculentus, possède « un effet coupe-faim améliorant le contrôle de l’appétit et favorisant la perte de poids. Parfait pour maîtriser son poids corporel et maîtriser l’évolution du diabète », signale Andrès Lopez. Une étude scientifique sur des souris obèses, publiée dans le Journal of Nutritional Biochemistry met en évidence que le gombo peut réduire les taux de glucose et de lipides sanguins. « Effectivement, le gombo est recommandé aux diabétiques. Comme tous les légumes, il est relativement pauvre en glucides mais surtout en lipides (les graisses). Il contient donc peu de calories. Ses fibres rendent plus précoce le phénomène de satiété durant les repas, et réduisent la quantité totale de calories et de glucides ingérés », insiste Andrès Lopez. Marguerite Kancel, présidente de l’association des diabétiques de Guadeloupe, avoue en consommer « dès que possible au moins deux à trois fois par semaine. Il est faible en glucides (9,5/100 g) et est naturellement utilisé par les diabétiques de Guadeloupe ».
4. Rares contre-indications
« A priori, aucune étude scientifique ne fait mention d’une quelconque contre-indication. Ceci dit, compte tenu de ses vertus laxatives, je ne le conseille pas aux personnes qui ont un transit trop rapide, type intestin irritable ou diarrhées chroniques, même si son profil en fibres (haute teneur en fibres solubles) amène à penser le contraire. Les poils recouvrant la surface du fruit auraient potentiellement des propriétés allergéniques (pour la peau et les muqueuses) et irritantes pour le tube digestif. Pour ceux qui le tolèrent mal, brosser la peau du fruit avant de le préparer », conseille Andrès Lopez. Et attention, « en cas de traitement par la metformine, le gombo peut interférer avec ce médicament, en augmentant son absorption et son métabolisme », met en garde Jean-Louis Longuefosse. Aussi, mieux vaut s’entretenir avec son médecin diabétologue.
Comment le consommer ?
Pour plus d’efficacité dans la régulation du diabète, il est conseillé de boire de l’eau de gombo plutôt que de le consommer cuit. « Lavez les gombos (30 g/l), coupez les extrémités de deux gombos, piquez-les à la fourchette et mettez-les à macérer dans un verre d’eau. Le lendemain, retirez les gombos et buvez une tasse de cette eau trois fois par jour », suggère le Dr Jean-Louis Longuefosse. Choisissez des gombos de petite taille, fermes, tendres mais pas mous, d’un beau vert vif et exempts de meurtrissures. Ils seront moins durs et filandreux. « Le gombo est extrêmement facile à cultiver et à entretenir dans son jardin ! Les graines de grosse taille germent facilement. Elles donnent rapidement de nombreux fruits », conseille Andrès Lopez.
1) Thanakosai W et al, « First identification of α-glucosidase inhibitors from okra (Abelmoschus esculentus) seeds », Program of Biotechnology, Faculty of Science, Chulalongkorn University, Bangkok, 2013.