Si vous regardez la télévision, vous le connaissez, c’est sûr ! Fabien Sublet intervient régulièrement comme animateur, chroniqueur santé et nutrition. Ce docteur en pharmacie transmet ses connaissances de manière ludique. Portrait d’un passionné.
(article paru en mai-juin 2019)
Fils d’un papa assureur et d’une maman esthéticienne, Fabien naît dans le Jura en 1968. Il y mène une enfance heureuse, baignée de nature. Il se passionne pour tout ce qui touche aux sciences, aux plantes, aux animaux. « Enfant, j’avais aménagé un mini-laboratoire. Je faisais toutes sortes d’expériences. J’ai même failli mettre le feu à la maison en préparant un combustible pour faire voler une fusée ! » Il dévore les livres scientifiques jeunesse qu’il emprunte à la bibliothèque. À 18 ans, c’est tout naturellement qu’il entre en « pharma » à Lyon. « J’ai toujours su quelles études je voulais faire. La pharmacie concentre tout ce qui me passionne dans le domaine du vivant. Les études ont été pour moi un bonheur, 6 ans de passion ! » Chaque année, il sort major de sa promotion et obtient même le titre de « meilleur étudiant en pharmacie de France » !
Découvrir les plantes
Puis il poursuit ses études aux États-Unis et au Canada pour y finaliser son doctorat. Sa thèse porte sur les plantes toxiques par contact. « C’était passionnant. Ces plantes peuvent être très toxiques mais, bien dosées, elles sont des remèdes incroyables ! On les utilise en homéopathie ou phytothérapie. J’ai beaucoup appris, en particulier au Québec, car il y a 25 ans, ils pratiquaient déjà la pharmacie clinique. Ils avaient des années d’avance sur la France ! Après son doctorat, l’armée l’appelle. Il rêve de palmiers et se démène pour partir sous les cocotiers. C’est sur l’atoll de Mururoa, l’île des essais nucléaires en Polynésie, qu’il effectue son service. Il y anime sa première émission radio sur les chansons de variété des années 1960.
Savoir communiquer
Le retour dans le froid hivernal du Jura est très dur. Il décide de partir pour le soleil de la Nouvelle Calédonie ! Il y restera 1,5 an. « Je travaillais dans les villages en brousse sur la côte est, Canala, Kouaoua, Thio, très éloignés de Nouméa. J’ai énormément appris sur la médecine traditionnelle qui reste le premier recours de la population en cas de maladie. » Quand Fabien rentre en France en 1994, il veut en apprendre plus sur la communication, la gestion, le marketing. Il suit un Master of Business Administration à l’EM Lyon. Son MBA en poche, il travaille un moment dans l’industrie pharmaceutique. Mais le terrain lui manque. Il accepte un poste de conférencier pour une grande marque de produits à base de plantes et parcourt le monde pour promouvoir la phytothérapie auprès des médecins et pharmaciens.
Guyane, mon amour
En 1998, on lui propose un poste aux Antilles-Guyane chez un grossiste en pharmacie. « Dès ma descente de l’avion, je tombe amoureux de la Guyane. Et c’est toujours le cas ! C’est mon paradis. L’accueil est incroyable. À l’époque, c’était très familial, très calme, loin des embouteillages et, surtout, il y a cette nature exceptionnelle. Je retrouvais la forêt ! » Son rêve : y voir se développer une agriculture respectueuse de la nature. « Cette terre avec peu d’activités polluantes était parfaitement adaptée à un développement durable. Mais à l’époque, la seule agriculture présente utilisait massivement les pesticides. C’est malheureusement encore le cas. » En 2012, il se bat pour mettre en place une vraie filière bio. Peu de personnes y croient. « Tout le monde me disait que c’était impossible, qu’il fallait des pesticides pour cultiver en Guyane. Aujourd’hui, on sait que c’est faux. La Guyane est idéale pour l’agriculture biologique. J’incite tous les cultivateurs et éleveurs à le devenir, car une alimentation saine, exempte de pesticides et autres perturbateurs endocriniens, doit être notre première médecine ! » À Matoury, une poignée d’agriculteurs hyper-motivés proposent au public des produits végétaux biologiques grâce à la coopérative Biosavane. « Au départ, il y avait juste une petite table avec trois salades et deux concombres. Petit à petit, on a mis en place une filière. Les agriculteurs peuvent vendre et transformer leurs produits en un lieu unique. C’est aussi un endroit dédié à l’éducation à l’environnement. On y prône le « zéro déchet » et la lutte contre le gaspillage alimentaire. Aujourd’hui, nous avons une halle à Cayenne avec plus de 60 producteurs ! Des fruits et légumes, de la viande, des plats préparés ou transformés comme des confitures, des purées. Il y a aussi des cours de cuisine pour apprendre à bien manger. Grâce à ce projet, la Guyane est en passe de devenir le premier Dom pour l’agriculture bio ! », se félicite Fabien. « En Guyane, les fruits et légumes sont beaucoup plus riches en anti-oxydants qu’en France car ils doivent se protéger d’un plus fort rayonnement solaire. Curcuma, cerise acérola, wassaï, nous protègent du vieillissement prématuré et de beaucoup de maladies. Les légumes racines (dachine, igname…) ont un index glycémique plus faible que la pomme de terre. Ils font moins grossir. Et les huiles de certains palmiers ont un profil lipidique voisin de l’huile d’olive ! Il ne faut donc pas se passer du régime amazonien qui pourrait bientôt supplanter le fameux régime méditerranéen ! »
« Ce n’est pas du travail »
Célibataire et sans enfant, Fabien dédie son temps libre à la musique et au chant. Il va nager pour se détendre. Le reste du temps, il déborde d’énergie et d’inventivité pour faire ce qu’il aime le plus, vulgariser la science en animant des émissions de santé à la télé et à la radio. Avec passion, il met la médecine à la portée des auditeurs et téléspectateurs. « Je m’éclate à trouver des comparaisons. J’utilise des matériaux que je trouve dans la nature, au bord des routes et les recycle. Je les transforme en objets pour expliquer ce qu’il se passe dans notre corps. Pour moi, ce n’est pas un travail ! »
« Monsieur karaoké »
Fabien est passionné de musique et de chant. Durant ses études, il fait partie d’une petite troupe qui reprend des opérettes. Il a gardé ce goût pour la chanson et, à son arrivée en Guyane, il s’inscrit à l’école nationale de musique. Dès qu’il le peut, il arpente les karaokés. « Partout où je voyage, je vais au karaoké. En Chine, à Pékin, partout, le karaoké est idéal pour rencontrer du monde. En Guyane, il y a 20 ans, nous allions à la Baie des îles, à Remire-Montjoly, un restaurant où il y avait une ambiance de folie ! »
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