Elles s’appellent Mickala, Aurore, Pierette, Martine, Guylène et Josie. Des femmes comme les autres à ceci près : 3 à 4 fois par semaine, elles galopent dans la montagne pour se préparer aux courses du Grand Raid. Un challenge personnel et collectif pour l’association de femmes qu’elles soutiennent : Femmes Solid’Air.
« J’ai fait beaucoup de sport d’équipe quand j’étais plus jeune, raconte Pierette. Et puis, j’ai eu envie de revenir à un sport individuel. Je me suis inscrite à l’athlétisme et j’ai eu le malheur de rencontrer Mickala. » Fou rire général ! La bande de filles en rose de l’association Fanm en lèr sait bien ce que veut dire Pierette. Toutes ont été « repérées » au club d’athlétisme de La Rivière Saint-Louis par Mickala. Une histoire d’alchimie, de feeling et d’envies. Chacune était là pour des raisons personnelles. Toutes ont eu envie de s’entraîner ensemble pour sortir de la piste d’athlétisme et gambader dans la montagne. Mickala est celle qui connaît le mieux les sentiers de l’île car elle les a parcourus longtemps avec son sportif de père. Elle devient naturellement une sorte de coach pour le groupe. « Elle est hallucinante. Elle connaît toutes les côtes de La Rivière, le moindre caillou, est capable de prédire avec exactitude le moment où l’on va passer par tel ou tel endroit. Elle connaît aussi tous nos temps. C’est impressionnant », s’amuse l’une d’entre elles.
Accessible à toutes !
Au bout d’1 an d’entraînement et déjà quelques courses importantes à leur actif (comme la course Arc-en-ciel et ses 65 km ou la Cilaos Woman trail de 22 km), les filles se sont fixées le Grand Raid comme objectif. 3 d’entre elles feront la Mascareignes, 3 autres le trail de Bourbon. « On veut montrer aux femmes que la course est un sport et un plaisir accessible à toutes. Il n’est pas nécessaire d’être une championne. On est toutes des femmes « normales » avec des vies de famille et des vies professionnelles », souligne Martine. Après sa grossesse, elle avait envie de reprendre le sport, mais pas toute seule. Elle s’inscrit alors au club d’athlétisme et rencontre Mickala. « Je suis partie de zéro. Avant de rencontrer Mickala, mon plaisir, c’était d’aller bronzer à la plage ! » Pour Guylène, c’est encore une autre histoire. Le cap des 40 ans à passer et l’envie de relever un beau défi. Mais toutes reconnaissent que tout cela est possible grâce à leurs maris. « C’est vrai que nos maris sont formidables, souligne Martine. La distribution des tâches à la maison est forcément impactée par nos entraînements et cela permet aussi d’équilibrer ce que chacun fait à la maison. » Avec 3 soirées d’entraînement par semaine, de 18 h à 20 h, une bonne organisation est primordiale. Repas confectionnés à l’avance, enfants gardés, papas présents, tout compte. Quant aux entraînements, ils sont concoctés par Mickala et adaptés au groupe. Chacune y tient sa place. Martine, surnommée « Petit Diesel » est en forme au bout de 7 h, Pierette joue les serre-files, Guylène se remet d’une blessure… « On trottine, on fait de la marche rapide, on court. On découvre nos montagnes qui sont si belles… et on monte des escaliers ! Ça, c’est le côté sadique de Mickala ! »
Solidaires
Elles ont entre 35 et 44 ans, chacune un profil différent, mais toutes ont la niaque et l’envie de se dépasser. Avec un mot d’ordre : la solidarité. Lors des courses, elles s’attendent, s’encouragent, se soutiennent. C’est d’ailleurs ce message qu’elles entendent faire passer dans leur partenariat avec l’association Femmes Solid’Air de Saint-André. Pierette y travaille depuis des années. Monitrice éducatrice, elle est également titulaire d’un diplôme universitaire de victimologie. Chaque jour, elle assiste les femmes victimes de maltraitance. « Notre association mène des actions de proximité. Nous sommes avec les femmes, sur le terrain. Nous sommes, par exemple, à leurs côtés aux assises », explique l’éducatrice. Cette année, 1 770 plaintes ont été enregistrées à La Réunion et l’association a réceptionné 170 nouvelles situations en 2015. Le combat contre les violences faites aux femmes nécessite de l’énergie et les filles de Fanm en lèr en ont à revendre ! « Bien sûr, ce combat nous parle. Nous sommes des femmes et des mères, et nous pouvons toutes être concernées », souligne Aurore. Elles portent donc haut les couleurs de leurs 2 associations pour faire passer le message. « Plus nous serons visibles, plus nous pourrons parler de Femmes Solid’Air », estiment-elles. Mickala et les autres aimeraient d’ailleurs devenir une association sportive dès l’année prochaine pour pouvoir mener plus d’actions en ce sens. En attendant, rien n’arrête les filles. Ni la difficulté des sentiers, ni celle de l’organisation familiale et encore moins la distance et les océans ! « L’année prochaine, Aurore déménage dans les Pyrénées. On ira donc courir là-bas et, pourquoi pas, y monter une antenne de Fanm en lèr ! »
Astrid Bourdais (oct/nov 2016)