La grossesse est un moment unique dans la vie d’une femme. Et le père dans tout ça ? Karima Carlon-Destouches, thérapeute spécialisée dans les thérapies cognitives, nous explique pourquoi la présence du père est importante pendant et après la grossesse.
Pourquoi le papa doit-il être présent dès le début de la grossesse ?
Le bien-être de la femme joue un rôle important dans le bon développement de l’enfant intra utérus. L’homme doit donc rassurer sa compagne pendant sa grossesse en étant présent aux séances d’échographie ou de préparation à l’accouchement. Il est important que la future maman ressente son investissement. Car de son bien-être (relationnel, émotionnel) dépend celui du bébé.
Quelle sera son rôle à l’arrivée de l’enfant ?
Le père protège du danger. Il incarne la force physique et la sécurité. Il représente aussi la filiation car il donne un nom à l’enfant. Savoir qui est son père, c’est connaître son histoire. Il intervient dans l’éducation et l’apprentissage, dans la gestion des émotions et de l’agressivité. Il le sociabilise. Il va aussi l’aider à sortir de la symbiose avec la mère. Il symbolise la loi, les règles et les limites. Il aide l’enfant à se forger une identité.
Quelle est aujourd’hui l’image du père ?
Aujourd’hui, le père s’implique dès la naissance, influencé par l’évolution de la société qui fait qu’hommes et femmes travaillent. Ce qui impose une répartition des rôles. Suivant l’idée très lacanienne du déclin de l’image paternelle, certains critiquent encore les pères qui « paternent » et pouponnent comme des mères. Selon eux, cela peut engendrer une confusion des rôles.
Le père doit donc se faire une place ?
Biologiquement, c’est incontestable ! La fonction de la mère prend racine au cœur même de la physiologie. Quant au père, il doit se « mettre en place ». À condition que la mère lui octroie ce statut, l’introduise auprès de son enfant, le désigne comme complément de la partie. Le père doit accepter ou à l’inverse ne pas se dérober. Il doit renoncer à être une autre mère. La fonction paternelle est ainsi définie : un père, c’est avant tout autre chose, une « pas-mère ».
Est-ce difficile pour une mère ?
Les attentes et les revendications des femmes ont changé. Elles souhaitent que les hommes prennent leur place tout de suite. Mais paradoxalement, elles ne la créent pas. Souvent, elles infantilisent l’homme. Il faut parvenir à dépasser ces comportements pour créer une cellule parentale harmonieuse. Et ne pas croire que l’arrivée d’un enfant va rééquilibrer les choses.
Comment trouver l’harmonie du couple ?
C’est une interrogation majeure quand on sait quela première cause de séparation dans les familles est liée à l’éducation des enfants. Dès que le couple commence à parler de devenir parent, il doit beaucoup échanger sur les visions de chacun sur l’éducation. Il est important, dès ce stade, d’être en accord.
Les bonnes pratiques
Le passage de l’état d’homme à l’état de père nécessite une véritable transition. Aussi, il convient de :
– l’inciter à participer aux cours de préparation à la naissance et à la parentalité. Ces espaces permettent aux futurs pères de poser leurs questions, d’exprimer leurs émotions, d’échanger avec les autres participants, de prendre confiance en eux ;
> l’encourager à accompagner sa compagne aux consultations médicales ;
> lui proposer systématiquement de réaliser le bilan de santé auquel il a droit ;
> solliciter sa présence lors de l’accouchement ;
> prendre un congé de paternité ;
> l’impliquer dans les soins au bébé.
Par Marie-France Grugeaux-Etna (paru en mars-avril 2017)
Source : Inpes, Le vécu de la grossesse par les hommes.