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Huile de carapa : contre les moustiques et la cellulite !

Istock Photos

Déjà utilisée par les Amérindiens, l’huile de carapa de Guyane s’est forgée une véritable réputation d’huile aux vertus calmantes, anti-inflammatoires, anti-moustiques et anti-cellulites.

C’est grâce à son odeur peu commune (voire rance) et à la forte présence d’un alcaloïde que l’huile extraite des graines du carapa est une puissante arme contre les moustiques, les tiques ou poux d’agouti. L’huile de carapa est également utilisée pour ses vertus apaisantes et réparatrices en cas d’eczéma, brûlures ou dermatoses. Elle s’applique aussi pour traiter les crampes ! Et, selon certains chercheurs, l’huile est aussi « utilisée en application sur la muqueuse cervicale dans le cas de cancer du col de l’utérus. Mélangée à du lait, elle est utilisée en application locale pour traiter les otites ou pour apaiser des gorges enflammées » (Hammer & Johns, 1993).

Une étude américaine menée en 1997 a également décrit que les lipides du carapa ont un effet inhibiteur sur la différenciation des adipocytes. Ce qui pourrait en faire un traitement efficace contre la cellulite !

Bref, l’huile de carapa est à la Guyane ce que le baume au camphre est à l’Asie : un remède utile quotidiennement ! Riche en acide oléique, mono-insaturé, qui la compose à près de 50 % (l’huile d’olive en contient 55 % à 80 %, le beurre de karité autour de 50 %) et en acide saturé palmitique, à 30 %.

Un bouclier contre les insectes

L’huile nourrit la peau. Elle a d’ailleurs toujours été utilisée par les Amérindiens de Guyane pour embellir l’épiderme et lui apporter de la souplesse. Joseph Henri, de la maison des traditions à Kourou, confère à la carapa « des qualités nourrissantes pour les cheveux et pour le corps, mélangée avec le roucou (graines à la teinte rouge) ». Elise, jeune femme vivant à Cayenne, opte pour l’huile de carapa car « son action bactéricide, insecticide est très efficace. Dès lors que je prévoie d’aller en forêt, je m’en enduis les jambes pour éviter de me faire piquer ou d’attraper des tiques, et ce, même si je porte un pantalon et des chaussures fermées ». Elle n’est pas la seule, la plupart des randonneurs ne jurent que par l’huile de carapa pour se prémunir d’éventuels parasites et poux qui peuplent les layons, chemins tracés en forêt. D’autres utilisatrices, plus rares, comme Marie, l’utilisent « comme liniment (ndlr : crème lipophile à base d’eau de chaux) et comme huile de massage », là encore pour ses vertus cosmétologiques et nourrissantes. Sabine, se souvient de « mamans qui utilisent l’huile de carapa pour les fesses des bébés ». Les adeptes sont nombreux. En revanche, les producteurs qui en vivent se comptent sur les doigts des deux mains. Si sur le marché international, l’huile de carapa est souvent utilisée en cosmétique, en Guyane, elle s’achète sous forme brute sur les marchés, ou filtrée, vendue en petites fioles et intégrée à des savons de soins, fabriqués artisanalement.

La fabrication de l’huile

En Guyane, la fabrication de l’huile est artisanale et/ou familiale. Les graines cueillies dans les arbres au cœur acajou sont bouillies et laissées à décomposer pendant 1 à 2 semaines. La pulpe est ensuite extraite des graines et placée sur des plaques de zinc, exposées au soleil. Sous l’action de la chaleur naturelle, favorisée par le support métallique, l’huile suinte des graines. Celle-ci est alors patiemment recueillie. Selon ce procédé, 4 kg de graines permettent d’obtenir 1 l d’huile. Dans le cadre de productions traditionnelles, les graines sont pressées à l’aide d’un matapi, appelé également « couleuvre à manioc ». Ce panier tubulaire tressé est habituellement employé pour presser la cassave-farine de manioc.

Et si l’huile semble s’adapter aux besoins féminins, ces messieurs seront-ils surpris d’apprendre qu’ils peuvent en faire usage à la pêche. Traditionnellement, la pêche amérindienne emploie la graine comme appât pour attraper le coumarou, piranha herbivore qui peuple les eaux des fleuves.

Marion Briswalter

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