L’hypnose fait un tabac ! Pour arrêter de fumer, ils sont de plus en plus nombreux à se tourner vers l’hypnose. Mais si son efficacité n’est plus mise en doute, cette technique thérapeutique intrigue encore. Pourquoi ? Explications.
Malika, 40 ans, a cessé de fumer il y a 6 mois suite à une séance d’hypnose. « Sur les conseils d’une amie, j’ai contacté un hypnothérapeute car je souhaitais arrêter de fumer. Je fumais une dizaine de cigarettes par jour. J’avais arrêté pendant 8 ans avant de reprendre. Lors de la séance, l’hypnothérapeute a d’abord exprimé l’importance de ma motivation. Il m’a posé plusieurs questions, sans entrer dans le détail, avec une voix très calme. Il m’a ensuite proposé d’aller fumer une dernière cigarette. Puis, assise dans un fauteuil, j’ai fermé les yeux, me suis détendue, et l’ai écouté me parler d’une voix douce. J’étais consciente durant tout le récit. À la sortie de cet état d’hypnose, il m’a donné quelques conseils et m’a tendu la main en me disant : « Bravo. Vous êtes libre. » J’étais intriguée. Mais depuis, je ne me suis pas remise à fumer. J’en ai envie, mais c’est comme si quelque chose m’en empêchait. J’ai aussi repris le sport, je suis moins fatiguée et je dors beaucoup mieux. »
État naturel
« L’hypnose est un état naturel, entre la veille et le sommeil, que chacun d’entre nous vit en moyenne toutes les 90 min. Pendant ce laps de temps, le cerveau procède à une mise à jour, un peu comme le ferait un ordinateur. Nous gérons en moyenne 60 000 pensées par jour ! », explique Catherine Aubert, coach hypnopraticienne en Guadeloupe, formée à l’Institut des neurosciences à Paris. « L’un de ces états naturels que nous connaissons tous, c’est par exemple lorsque nous sommes en voiture et que nous réalisons tout à coup que nous sommes déjà arrivés à destination sans vraiment nous en être rendu compte. » Dans le cadre de l’hypnose, le praticien utilise une technique pour permettre à la personne de retrouver cet état modifié de conscience afin de l’aider à régler une difficulté. Comme lors d’un apprentissage, le cerveau met en place de nouveaux circuits neuronaux ou connexions. Il peut parfois être judicieux de faire plusieurs séances pour que le comportement nouveau s’inscrive dans la durée. Pour Catherine Aubert, l’hypnose est un outil. Lors de la mobilisation de cet outil, elle procède d’abord à quelques exercices de suggestibilité afin de vérifier la réceptivité de la personne, avant une relaxation douce, où elle est invitée à respirer profondément et se détendre. Confortablement installé en position assise (car s’allonger pourrait mener à un endormissement) sur le siège ou fauteuil, le candidat est au centre du processus.
Lâcher-prise
Trois critères sont essentiels à la réceptivité : le lâcher-prise, l’imaginaire et la confiance. L’imaginaire est mis au service de la séance. « Parce que le cerveau ne fait pas la différence entre le réel et l’imaginaire, l’hypnose est un outil très intéressant pour réaliser des actions qui nous semblent difficiles. La technique, en s’adressant au subconscient, permet de contourner le facteur critique. Cette petite voix qui nous dit parfois « c’est trop difficile, tu n’y arriveras pas » », reprend Catherine. Le vocabulaire choisi est très important. Le praticien l’adapte en fonction des réactions de la personne (larmes de joie ou de tristesse, sourires, crispation ou détente des paupières…). Dans le cas de Malika, le thérapeute a utilisé les mots qui l’ont guidée vers l’envie d’arrêter de fumer. Lors de sa sortie de l’état d’hypnose, par cette phrase : « Vous êtes libre », il a procédé à un ancrage, une technique de programmation neurolinguistique (PNL) qui contribue, par des associations, des images, à installer la personne dans une situation positive. L’ancrage est associé à des conseils diététiques et de santé afin de faire en sorte que le milieu dans lequel elle évolue ressemble désormais à un milieu non fumeur.
Conscient de tout
S’en remettre à un hypnopraticien revient à « avoir un guide comme on aurait en montagne. Il nous accompagne et c’est nous qui trouvons la voie en utilisant nos propres ressources », insiste Catherine. « Dans le cadre de l’hypnose, on s’intéresse surtout à la question du comment plutôt qu’à la question du pourquoi. On se tourne donc vers l’avenir plutôt que vers le passé, même s’il est essentiel de comprendre le parcours de la personne. Le candidat est acteur à part entière de son devenir, ce qui permet l’efficacité de la technique proposée. » Et, qu’on se le dise, sous hypnose, tous les sens sont en éveil, on est conscient de tout ce qu’il se passe. « Aucun pouvoir n’existe en hypnose. Si le discours du thérapeute heurtait vos valeurs, vous sortiriez spontanément de l’état parce que c’est vous qui avez le contrôle », rassure Catherine. Enfin, une séance d’hypnose a également un effet relaxant car 30 min dans cet état équivalent à 2 h de sommeil ! Et au-delà de l’arrêt de la cigarette, de la perte de poids, ou du fait de ne plus être stressé ou angoissé, c’est un succès plus long qui se dessine : être en paix avec soi-même.
Par Bérengère Merlot