L’indépendance émotionnelle, c’est le fait de ne pas dépendre des autres. Amélia Lobbé, psychologue, nous explique ce concept encore mal connu.
« C’est un concept difficile à résumer en une seule phrase, mais je vous propose cette définition : l’indépendance émotionnelle est la liberté de penser par nous-même et de ressentir par nous-même, sans influence quelconque. Elle est intimement liée à l’estime de soi, qui est la base sur laquelle elle se déploie », explique la psychologue Amélia Lobbé, auteure du livre L’indépendance émotionnelle, aux éditions Éditions Trédaniel.
L’indépendance émotionnelle est également, selon la professionnelle, la conviction que notre valeur personnelle et notre bien-être mental ne dépendent pas toujours de facteurs extérieurs, comme les actes, les avis ou les préjugés des autres, ni de facteurs internes comme nos croyances limitantes, nos pensées intrusives, nos filtres émotionnels, notre passé difficile, notre envie d’être aimé par tout le monde, d’obtenir de la reconnaissance, ou notre besoin d’être validé.
Paix intérieur
C’est aussi la capacité de réguler nos émotions, de continuer de nous sentir bien avec nous-même et de retrouver notre paix intérieure, même quand une situation difficile se présente. C’est notre capacité à prendre des décisions rationnelles, sans être influencé uniquement par ce que nous ressentons ou par ce que les autres éprouvent à notre égard. Et c’est enfin le fait de prendre notre part de responsabilité dans ce qui nous arrive. « Car même si nous ne pouvons pas contrôler le comportement des autres, nous sommes responsables de la manière dont nous allons gérer cette situation et dont nous allons décider de nous relever. »
Liberté
L’indépendance émotionnelle pourrait être le synonyme de liberté. Lorsqu’elle est acquise, elle implique la possibilité de penser par soi-même et de mener sa vie comme on le désire. Elle nous conduit également à nous émanciper de nos idéaux de perfection, de nos entraves et de nos inhibitions. « C’est une forme d’autonomie qui permet de ne plus exiger des autres ce qu’ils ne peuvent pas donner. Et à accepter que la plupart des gens ont un fonctionnement différent du nôtre. Cela équilibre nos relations », explique la psychologue. Avant d’ajouter : « L’indépendance émotionnelle nous donne le droit de nous sentir dans une humeur neutre, ou de nous sentir bien, même si « tout n’est pas parfait ». Elle implique la possibilité de panser nos blessures et même de guérir. C’est une liberté incroyable que l’on s’octroie. »
Trouver des solutions
Mais attention, être indépendant émotionnellement ne veut pas dire qu’on se détache complètement des autres, qu’on n’a besoin de personne, et qu’on ne sera jamais confronté à des situations difficiles, comme une rupture, des problèmes familiaux, ou des échecs professionnels, ou qu’on ne souffrira pas. En revanche, elle nous permet de prendre notre part de responsabilité dans les situations difficiles que nous traversons. « On trouve des solutions et on rebondit plus facilement. Par exemple, on souffrira moins longtemps après une expérience de rejet social », rassure Amélia Lobbé.
En pratique
Tous les individus ne sont pas égaux face à l’indépendance émotionnelle. Cela va dépendre notamment de notre caractère et de notre histoire personnelle et familiale, propres à chacun. Cela dépendra aussi de l’importance que nous accordons au regard des autres et de l’estime de soi. En revanche, nous avons tous la liberté d’entreprendre un cheminement personnel vers l’indépendance émotionnelle. Il existe pour cela plusieurs portes d’entrée :
– mettre en pratique tous les jours des techniques de régulation émotionnelle. Elles permettent de ne plus subir nos émotions, mais plutôt de les comprendre et de les apprivoiser ;
– consolider son estime de soi, car elle marche main dans la main avec l’indépendance émotionnelle. Quand on a conscience de sa valeur intrinsèque, on éprouve moins le besoin de chercher systématiquement la validation, l’attention ou la reconnaissance des autres ;
– identifier et apprendre à déjouer nos filtres de distorsion émotionnelle. Ils nous font voir la réalité d’une manière biaisée et jettent un voile sur nos ressentis, afin de voir les choses telles qu’elles sont vraiment. Ce travail peut être réalisé seul ou avec votre psychologue, lors d’un accompagnement.
« L’indépendance émotionnelle peut être développée toute la vie. Rien n’est figé ! », conclut Amélia Lobbé.
Par Chloé Gurdjian