Si vous habitez en ville et que vous n’avez pas de terrain à la campagne, il existe une solution qui permet de cultiver ses légumes en pleine terre : les jardins partagés !
Ce sont des espaces verts conçus par les habitants d’un quartier (ou d’une communauté), qui souhaitent se retrouver pour jardiner, partager des moments de convivialité dans une démarche éco-responsable. L’association Ypiranga (Centre de culture populaire Ypiranga de Pastinha Martinique) œuvre depuis 2016 dans les hauteurs de Trénelle-Citron, quartier populaire de Fort-de-France. Le terrain est mis à disposition par la mairie. Les bénévoles y cultivent une petite parcelle de terre et expérimentent de nouvelles techniques de culture (aquaponie, agroécologie, micro-maraîchage…). La production approvisionne une boutique solidaire.
Créer son jardin partagé
Commencez par constituer un groupe de participants, puis trouvez le terrain. Il peut s’agir d’une friche non exploitée (prévoir au minimum 200 m2 et ne pas négliger l’importance de la qualité du sol). La municipalité peut vous aider dans votre recherche du terrain idéal ou pour retrouver le propriétaire (particulier, institution ou autre). Dans tous les cas, une participation peut vous être demandée, une contribution en nature (l’entretien de la parcelle) ou pécuniaire. Par la suite, il faudra formaliser la mise à disposition du terrain et organiser les travaux de jardinage avec la communauté. Pour produire des légumes sains, préférez des méthodes naturelles. Les produits phytosanitaires (pesticides, herbicides) de synthèse sont de toute façon interdits pour le particulier (Loi Labbé du 6 février 2014). Il ne vous reste plus qu’à vous accorder du temps pour jardiner et laisser libre cours à votre imagination !
Jardinier gangster
Ces jardins partagés ou communautaires partagés sont des jardins urbains reconnus par le droit français depuis 2014. Le concept a été imaginé par des activistes américains, les Green guerillas dans les années 1970. Ils ont investi les terrains vagues de New York après la crise financière, pour les replanter et rendre plus agréables ces parties de la ville. Plus récemment, un jardinier de Los Angeles, Ron Finley, aussi appelé le gangster gardener, est devenu célèbre pour avoir cultivé des légumes sur les bandes de terre présentes sur le bitume d’une banlieue de la ville qu’il mettait à la disposition des personnes dans le besoin. Son action, d’abord sous la menace d’une sanction par les autorités, a été rapidement plébiscitée et finalement récompensée par la Ville.
Alimentation plus saine
D’après le Guide des jardins partagés engagés et responsables de Martinique, publié au mois d’août dernier par l’association Ypiranga, la Martinique n’est pas en reste ! Ce ne sont pas les idées ni l’énergie qui manquent à Teo et son équipe. De nouvelles réhabilitations de friches sont en cours, un composteur de quartier a été mis en place pour les habitants… En Guadeloupe, pas moins de huit projets d’associations ont aussi été récompensés pour la création de jardins partagés en mars dernier. Ils bénéficieront d’une aide financière du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Toutes ces associations ont pour mission de donner accès à tous à une alimentation plus saine et ont fait le choix d’allier les savoirs traditionnels et des méthodes alternatives agricoles qui préconisent le respect de la biodiversité urbaine et la préservation de l’environnement.
Échanger, partager
Mais au-delà de la préoccupation purement alimentaire, le jardin partagé revêt une dimension sociale, culturelle et éducative. Les habitants du quartier s’y retrouvent pour échanger des conseils ou partager leur expérience. Les enfants apprennent l’importance de toutes les formes du vivant et perçoivent mieux l’origine de ce qu’ils mangent. Il est également un lieu de convivialité qui peut accueillir des événements locaux comme des ateliers de jardinage, de musique ou de danse. Aux Antilles, le jardin partagé a une résonance toute particulière, car dans le passé, il était courant pour un citadin d’entretenir un jardin créole, lopin de terre attenant à son habitation. C’était avant tout un moyen d’organiser sa propre subsistance. La culture du jardin créole témoigne également d’un attachement au végétal, typique de la culture caribéenne. La façon de cultiver le jardin créole se rapproche des principes de l’agroécologie, note une étude de l’Institut national de recherche en agronomie de Guadeloupe.
Renforcer les liens
Mais à la différence du jardin créole, les jardins partagés sont dédiés à l’usage d’un groupe, organisé généralement sous la forme d’une association. Chaque jardin a son propre règlement. Certains proposent uniquement des zones de jardinage communes, d’autres concèdent à chaque adhérent une petite parcelle de terre. D’autres encore n’hésitent pas à alterner ces deux modes de fonctionnement. L’entretien de la parcelle se fait de manière collaborative et chaque participant peut apporter sa contribution. Enfin, chacun peut disposer de sa production en fruits et légumes. Selon Olivier Carême, qui a mis en place plusieurs jardins partagés en Martinique et anime des ateliers de jardinage, les retours sont très positifs : « Les usagers qui logent en habitat vertical considèrent cela comme une chance d’avoir accès à un bout de terre à cultiver, proche de chez eux. » Il ajoute que c’est un moyen de renforcer les liens intergénérationnels, car les jardins sont fréquentés par des familles et des habitants de tout âge.
En Guadeloupe aussi !
Les jardins partagés poussent comme des champignons ! L’Atelier odyssée est à l’initiative du Jaden Lapwent, une expérience d’urbanisme participatif dans un projet de réhabilitation des quartiers intitulé Pli bel lari. En lieu et place d’espaces délaissés et dégradés, sont nés des jardins potagers. À Sainte-Anne, le jardin partagé L’Oasis de Courcelles recherche des collaborateurs volontaires. L’objet est de favoriser l’autonomie alimentaire sur un terrain de 20 000 m2 mis à disposition et quadrillé en parcelles sur lesquelles s’organisent en rotation des équipes de 7 à 9 bénévoles. Il s’agit de créer une oasis alimentaire, lieu d’échange et de partage, de mixité sociale et de liens intergénérationnels, intégrant des personnes âgées, des jeunes actifs ou en réinsertion.
Contact
> Atelier Odyssée
05 90 24 75 83 / 06 90 53 70 30
> Association Gem
06 90 31 45 43 / 06 90 93 86 83