Ti baum, ti bonm, feuille bombe, en créole, est une plante commune sur le littoral guyanais, appréciée pour ses vertus médicinales.
Piper marginatum est un arbrisseau néotropical de la famille des Piperaceae (poivre). Il pousse de manière spontanée dans les zones rudérales ombragées, le long des chemins, dans les friches, les sous-bois, dans la forêt secondaire du littoral. Cette plante arbustive ne dépasse pas les 2,5 m de hauteur. Ses feuilles froissées dégagent une forte odeur d’anis en raison de leur huile essentielle riche en anéthol. De couleur vert émeraude, les feuilles sont en forme de cœur. « Cette plante fait partie de la pharmacopée bushinenguée. Elle doit être remise en valeur et valorisée », explique Marc-Alexandre Tareau, ethnobotaniste à l’Inserm et président de l’association Mélisse qui œuvre pour la valorisation et la transmission des savoirs autour des pharmacopées de Guyane.
Bain de vapeur
Dans leur mythologie, les Bushinengués considèrent que c’est la première plante créée par Dieu. « Elle présente des vertus médico-magiques pour les soins de l’esprit. Lors de la naissance d’un nouveau-né, elle est utilisée en bain de vapeur pour écarter le mauvais œil », ajoute Marc-Alexandre Tareau.
Cette plante est également appréciée pour ses vertus antiseptiques. Utilisée en usage externe, les populations créoles se baignent et se frictionnent avec la décoction des feuilles pour soulager des démangeaisons, les piqûres d’insectes, les éruptions cutanées, les blessures superficielles de la peau. Chez le peuple palikur, elle entre dans la composition de remèdes contre les maux de tête, la diarrhée, les troubles hépatiques. « Elle ne présente aucune toxicité. Elle est aussi reconnue pour ses vertus digestives et peut être consommée en tisane », poursuit Marc-Alexandre.
Chez les populations bushinenguées du Suriname et de Guyane française, les femmes l’utilisent en bain de vapeur, après un accouchement.
Hydrolat et huile essentielle
En Guyane, à la distillerie artisanale Slam, située à Macouria, « les feuilles sont distillées par un procédé de vapo-distillation qui permet d’obtenir de l’hydrolat de malembelembe pour des usages traditionnels ainsi que de l’huile essentielle (*). Il faut beaucoup de matière végétale pour obtenir de l’HE. C’est une plante avec un rendement faible (inférieur à 0,1 %) en HE. Un projet de reconnaissance et de formation de cueilleurs est en cours de création au sein de la filière Plantes aromatiques et médicinales de Guyane. Ainsi que des essais de mise en culture afin de permettre un approvisionnement régulier et durable », conclut Marc Rozan, responsable production de l’entreprise Slam.
(*) Chémotype de l’HE ti baum : méthylisoeugénol (62 %), caryophyllène (4 %), anethol (4 %), ocimène (3 %), carène (3 %).
Comment t’appelles-tu ?
Elle se nomme utiuti kamwi en palikur, pimienta-do-mato, santa-barbara en portugais, pikin man lembelembeen nengee tongo (la langue des Bushinengués ou Businenges), ou encore cake bush, marigold pepper en anglais.
Par Sandrine Chopot