Le wingfoil, ce nouveau sport nautique fait fureur aux Antilles. Une sensation de glisse unique et grisante, qui a convaincu dès leurs premiers essais le Guadeloupéen Léo Paul Étienne, surfeur professionnel, ainsi que son père, Laurent. Deux générations de watermen se retrouvent pour nous faire découvrir leur nouvelle passion.
Qu’est-ce que le wingfoil ?
Léo : ce sport nautique est l’association d’une wing, ou « aile d’oiseau » en français, une aile à boudin gonflable que l’on tient par des poignées et d’une planche avec un hydrofoil greffé dessous. Grâce à la vitesse générée par le vent dans l’aile, l’hydrofoil nous permet de nous envoler avec la planche à quelques dizaines de centimètres au-dessus de l’eau.
Laurent : en wingfoil, la force requise de vent passe sous les 10 nœuds, autrement dit, même avec très peu de vent, ça plane !
Quand avez-vous commencé et qu'est-ce qui vous a motivé à faire du wingfoil ?
Léo : j’ai commencé par faire du surf-foil il y a à peu près 4 ans. Puis, la marque qui me sponsorise a commencé à produire ses premières wings. Lors d’une séance photo en Afrique du Sud en décembre 2019, j’ai eu l’occasion d’essayer certains prototypes et j’ai tout de suite accroché !
Laurent : la première fois que j’ai vu cet engin, j’ai tout de suite pensé que c’était encore une invention sans potentiel. Je faisais un peu de surf-foil et j’ai essayé le wingfoil en janvier 2020 lorsqu’on a eu notre première wing avec une planche de stand up paddle-foil. J’ai fait quelques vols les jours ventés sans vagues, car sinon j’aurai pris mon matos de windsurf et, j’ai adoré ! Le confinement a mis un point d’arrêt brutal à mes débuts en wingfoil, mais, dès possible, j’ai repris les sessions dans le lagon. Maintenant, je commence à aller sur des spots avec des vagues.
Est-ce difficile ou plus accessible que les autres sports de glisse ?
Léo : le wingfoil n’est pas bien compliqué, mais comme tout sport de glisse, il y a une période d’apprentissage et d’adaptation avec le matériel. Une fois ce cap passé, la marge de progression est très importante.
Laurent : ce n’est pas plus difficile que les autres sports de glisse. Il faut juste gérer le matériel à la mise à l’eau ainsi qu’à la sortie de l’eau.
Qu'est-ce que vous aimez dans ce sport par rapport aux autres sports de glisse ?
Léo : ce que j’aime en wingfoil, c’est la sensation de voler au-dessus de l’eau, d’être en apesanteur. J’atteins des vitesses beaucoup plus importantes qu’en surf. Et j’essaie de faire des sauts toujours plus hauts grâce à la force du vent. J’aime également pouvoir me balader dans les lagons ou en mer.
Laurent : c’est une sensation incroyable de voler au-dessus de l’eau. Plus aucun effort quand le foil entre en action ! C’est du pilotage, tout en finesse, tout en contrôle. Une fois le départ maîtrisé, ça glisse tout seul. J’ai retrouvé mes 20 ans, la sensation des premiers départs au planning en windsurf, les premiers jibes (empannages rapides, ndlr), il y a maintenant plus de 40 ans (j’ai commencé le windsurf en 1978-1979) et la marge de progression est énorme, surtout pour moi. Maintenant, l’objectif est d’aller jouer dans les vagues, utiliser l’énergie de la vague pour la suivre comme en surf et, pour les sauts, arriver à pleine vitesse face à la vague, que l’on utilise comme tremplin.
Comment a évolué le matériel ?
Léo : le matos est en constante évolution. Il y a 2 ans, on utilisait des planches très volumineuses avec des gros foils très peu performants et des wings qui n’étaient pas forcément au point. Aujourd’hui, on utilise de toutes petites planches, 40 l pour ma part, très légères. Les foils ont énormément évolué, notamment le Kujira que j’utilise. Il a un design inspiré des queues de baleines, ce qui a permis de réduire la surface du foil tout en gardant une très grande portance et une augmentation de la maniabilité. Les wings ont été beaucoup travaillées récemment, elles sont plus performantes et plus rigides.
Laurent : j’ajouterais que les foils sont beaucoup plus faciles et tolérants, les planches sont plus adaptées, avec des volumes mieux répartis et surtout beaucoup plus compactes. En plus d’être plus rigides, les ailes sont plus légères. L’ensemble est optimisé pour une plage de vent plus importante.
Où pratiquez-vous et pourquoi ?
Léo : j’aime particulièrement les lagons de Guadeloupe car le cadre est paradisiaque. J’en fais aussi dans les vagues surtout dans les passes. Sinon, peu importe où, tant qu’il y a un plan d’eau et un peu de vent, je sors mon wingfoil !
Laurent : nous habitons en Guadeloupe et le lagon de Saint-François est un super terrain de jeu pour commencer. Mais maintenant que je commence à maîtriser l’engin, je commence à aller jouer en pleine mer et dans les passes (de la barrière de corail, ndlr)) avec des vagues.
Quels sont les conseils que vous donneriez pour commencer le wingfoil ?
Léo : ne pas brûler les étapes. Le mieux est de faire appel à des professionnels pour les premières séances.
Laurent : commencez par investir directement dans un bon foil, stable, et avec une grosse planche assez volumineuse pour bien flotter. Dès que les départs et manœuvres seront maîtrisés, il suffira de continuer avec une planche plus petite.