Le venin d’abeille a un potentiel énorme : en cancérologie, en neurologie (sclérose en plaques), en infectiologie (VIH) ou encore en allergologie (asthme). Cet élixir, bien connu des apiculteurs, capte désormais l’attention des médecins-chercheurs.
Le venin d’abeille est un produit très actif jouant à la fois le rôle d’un poison et d’un médicament, car ses composants sont multiples. Et généralement, ceux-là mêmes qui provoquent une douleur après la piqûre, ont des pouvoirs de guérison. C’est le cas de la melittine, principale responsable de la douleur, elle stimule aussi la sécrétion de cortisone, puissant anti-inflammatoire. Elle libère de l’histamine, laquelle protège contre les radiations et fluidifie le sang. L’apamine est aussi un anti-inflammatoire, stimulant du système nerveux central. Elle aide à lutter activement contre la sclérose en plaques et propulse la production de cortisone. On pourrait aussi nommer le MCDP, un libérateur d’histamine capable de faire diminuer la tension artérielle.
Arthrose, rhumatismes…
La thérapie par le venin d’abeille n’est pas encore reconnue comme médecine officielle malgré son efficacité. « Il y a 5 ans, explique Benoît Foucan, représentant de l’association des apiculteurs de la Guadeloupe, l’Apigua a fait intervenir le Dr Jean-Baptiste Thouroude, médecin généraliste, acupuncteur, chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Nîmes. » En conférence, il a expliqué comment soigner les infections ORL, digestives et cutanées, les douleurs d’arthrose, les rhumatismes, l’hypertrophie de la prostate et la sclérose en plaques.
« Il nous a expliqué qu’il avait trois ruches à disposition derrière son cabinet et allait « cueillir » quelques abeilles pour les positionner sur l’endroit à traiter du corps de son patient. Naturellement, une telle procédure ne peut être engagée que dans un cadre purement médical, car il faut bien être conscient du danger que représentent les allergènes du venin d’abeille. »
Clinique d'apithérapie
Aux États-Unis et en Chine, mais aussi dans de nombreux autres pays, comme en Roumanie, il existe des cliniques d’apithérapie où la Bee Venom Therapy (BVT) est utilisée depuis une dizaine d’années pour traiter la sclérose en plaques. Ce traitement fait l’objet d’études et d’expérimentations même si son mode d’action n’est pas encore vraiment élucidé, comme l’explique Catherine Ballot-Flurin dans ses ouvrages. En Australie, une étude récente met en lumière un traitement novateur des cancers du sein à partir d’un des composants du venin d’abeille. Aussi, le venin d’abeille aurait la faculté de rajeunir l’aspect de la peau en améliorant la circulation du sang et en accroissant la perméabilité des capillaires.
Collecter le venin d'abeille
« Récupérer le venin d’abeille est une opération délicate. J’ai entendu parler d’une technique qui consiste à attirer les abeilles à partir de plaques qui émettent des sons qui les dérangent au point de les rendre agressives. Alors, elles piquent, mais ne meurent pas et les microgouttes de venin sont récupérées directement sur la plaque. » Il y a d’ailleurs plusieurs méthodes efficaces pour récupérer ce venin. Notamment par piqûre directe. Elle est réservée aux personnes testées comme non allergiques. Ou encore, la méthode japonaise qui consiste à arracher le dard et à l’appliquer rapidement sur une trentaine d’endroits du corps, y compris le visage, les pieds, les mains. La dose de venin est plus faible et se répartit sur une plus grande surface.
Méthode douce
Enfin, certains apiculteurs ont inventé une méthode plus douce qui préserve les abeilles à l’aide d’un treillis souple électrifié placé sur la planche d’envol de la ruche. En passant dessus, les abeilles sont énervées et piquent sans perdre leur dard. Le venin est recueilli entre deux plaques de verre et immédiatement séché pour être conservé. Il serait intéressant de poursuivre les recherches à grande échelle. D’autant qu’il s’agit d’une substance naturelle qui nécessite peu de transformations.
Par Marie-France Grugeaux-Etna