Censées stimuler notre désir, les plantes aphrodisiaques éveillent l’intérêt et la curiosité. Tour d’horizon avec Jean-Louis Longuefosse, pharmacien.
Jean-Louis Longuefosse,
Histoires fabuleuses des plantes créoles, éd Orphie, 2014.
Depuis plusieurs décennies, des études ont démontrées scientifiquement l’activité aphrodisiaque de plusieurs plantes, tout au moins lors d’expérimentations animales. C’est le cas des racines de sensitive, du pois à gratter, de la muscade, du clou de girofle, des feuilles de framboisin, de la liane à connaître, des amandes de l’amandier-pays. En revanche, aucune étude scientifique n’a démontré les vertus aphrodisiaques du gingembre, même s’il favorise la fertilité masculine. Concernant le bois bandé antillais, les études sont très anciennes et ne peuvent pas être validées, d’autant que les effets secondaires sont encore mal connus. Le bois bandé guyanais a démontré son efficacité sur la maladie d’Alzheimer grâce à des effets neuroprotecteurs. La plante est adaptogène et possède des propriétés antistress… qui peuvent être utiles en cas de panne sexuelle !
Le bois bandé
Saviez-vous qu’il n’existe pas un mais plusieurs bois bandés, différents selon les régions ? Mis à macérer dans du rhum, les bois bandés sont le plus souvent associés a d’autres plantes toniques : racines de gingembre, de safran-pays, de sensitive, noix de muscade, noix de kola, graine de mirobolan, clou de girofle…
Sur les marchés antillais
Les bouteilles du fameux bois bandé renferment du Richeria grandis. L’écorce de ce bel arbre antillais aussi appelé bois d’homme est mise à macérer dans du rhum agricole. Les effets de ce rhum d’amour dont la réputation a traversé l’océan, seraient radicaux chez l’homme comme chez la femme ! Son analyse chimique, qui date quand même de 1934, aurait permis de déceler la présence d’un principe aux propriétés vasodilatatrices puissantes qui provoquerait chez l’homme et la femme des poussées de désir. S’il est vrai que l’érection est liée à un afflux de sang, la stimulation « locale » n’est pas vraiment prouvée et les effets secondaires sont encore mal connus.
En Guyane
Le bois bandé est un arbre d’Amazonie appelé muirapuama. Ce petit arbre aux racines aphrodisiaques a une renommée qui s’étend jusqu’au sud du Brésil. Les créoles guyanais utilisent l’écorce et la racine des jeunes pieds macérées dans du rhum. Au début du 20e siècle, la réputation de cet arbre a atteint l’Europe et il fut inscrit dans la pharmacopée anglaise contre l’impuissance sous le nom de « potent tree ». Son nom amérindien « wilapilata » signifie « arbre pour bander dur ». On ne peut pas faire plus explicite ! Des gélules de poudre de racine sont proposées à la vente sur internet. Ses propriétés anti-oxydantes, antiradicalaires, neuroprotectrices et anti-inflammatoires sont reconnues scientifiquement et aucune toxicité n’est décrite. L’effet vasodilatateur périphérique est accompagné d’une action adrénergique. Attention cependant en cas d’hypertension et d’insuffisance rénale.
En plus
Aux antilles, d’autres écorces de bois bandé sont macérées dans du rhum ou de l’eau : bois chandelle, bois mondongue, grand branda, mahogani, mahot baba, mabi, pin caraïbe.
Le clou de girofle
Bien connu pour soulager les dents douloureuses, le clou de girofle à l’huile essentielle odorante, exciterait les glandes sexuelles via les circuits nerveux. Un oignon piqué de clous de girofle renforcé par une bonne cuillère de moutarde, autre aphrodisiaque réputé, reboosterait les amants endormis ! Cette épice sévissait déjà dans l’antiquité, parfumant les vins destinés aux orgies romaines.
La vanille
C’est un remède efficace contre l’asthénie sexuelle qui agirait par ses composés volatils sur nos sens olfactifs et sur notre système nerveux central.
La cannelle
Épice chaude à la saveur pénétrante et légèrement sucrée, est entrée dans la composition du philtre d’amour de Tristan et Yseult qui en firent bon usage.
La noix de muscade
La noix de muscade, surtout le macis (enveloppe de la noix), déclencherait dans l’organisme des flambées de dopamine, un neuromédiateur qui réveille le désir. Elle est aussi appréciée pour son action euphorisante, mais n’en abusez pas. À forte dose, elle devient hallucinogène. Le célèbre médecin siennois Pierandrea Mattioli (1501-1577) a décrit le remède qu’il conseillait à ses patients masculins éprouvant des difficultés pour « sacrifier à Vénus ». Il leur prescrivait de s’enduire le pénis d’huile de noix de muscade quelques heures avant de rendre leurs hommages à une dame de tempérament.
Le chocolat
La liste des aphrodisiaques serait incomplète sans mentionner le chocolat qui dope aussi la sécrétion de dopamine, le neurotransmetteur responsable du plaisir.
Les racines
Les écorces d’arbres ne sont pas les seuls aphrodisiaques reconnus. Parmi les philtres d’amour figurent des racines comme celles du jasmin bois, de coco à chat, d’aralie-montagne, de bois flot et de sensitive.
À éviter absolument !
La yohimbine
Elle provient de l’écorce d’un arbre africain. Elle est censée faciliter l’érection grâce à ses propriétés vasodilatatrices qui provoquent un afflux de sang dans les organes génitaux. En réalité, elle est peu efficace chez l’homme et son activité affecte non seulement le système génito-urinaire mais aussi gastro-intestinal, respiratoire, cardiovasculaire et le système nerveux central. Cette substance est à éviter absolument en cas de maladies des reins, du foie ou d’hypertension.
La noix vomique
C’est la graine du vomiquier, un arbuste d’Asie du Sud-Est. C’est un puissant excitant mais qui contient de la strychnine toxique pour le système nerveux et hépatique. L’intoxication se traduit par des spasmes musculaires, des convulsions, une paralysie et la mort par asphyxie à la suite de la contracture du diaphragme.
Par Jean-Louis Longuefosse