Les mangroves sont parmi les écosystèmes les plus menacés de la planète. Elles abritent pourtant des plantes médicinales que vous ne trouverez nulle part ailleurs. Avec Gustave, présidente de l’Association des plantes aromatiques et médicinales de Guadeloupe.
Zèb a fanm (Wedelia trilobata)
Aussi appelée herbe soleil, c’est une plante rampante très commune. Ses feuilles en trois lobes ressemblent aux pattes du canard et ses petites fleurs jaunes rappellent les marguerites. Elle s’utilise en préparation à l’accouchement et au retour de couches. C’est une plante signalée par les agriculteurs comme pouvant faire avorter les vaches. Contre-indication : ne pas utiliser chez la femme enceinte. En cas de douleurs abdominales et règles douloureuses, utiliser les feuilles en infusion (30 g/l d’eau) à raison de trois tasses par jour. Les feuilles sont aussi utilisées en cataplasme sur les plaies pour aider à la cicatrisation.
Koko chat ou ti venson (Cyperus rotundus)
C’est une herbacée à tige triangulaire, utilisée en médecine caribéenne depuis la nuit des temps. Connue pour l’action des tubercules ronds qui se forment le long de ses racines, elle a des effets anti-oxydant, antitumoral, anti-inflammatoire, et ne présente aucune contre-indication. Elle s’utilise essentiellement sous forme de poudre des tubercules séchés en cas de nausées, diarrhées, contractures musculaires. Son huile essentielle est très efficace contre les larves de moustiques !
Palétuvier rouge (Risophora mangle)
C’est un arbre pionnier de la mangrove aux racines aériennes qui ressemblent à de longues échasses. Il est capable de supporter un taux de sel élevé. Il présente la particularité d’une germination dans le fruit (viviparité). Ses nouvelles radicules en forme de fléchettes se plantent toutes seules en tombant dans la vase. Ces fléchettes sont consommées comme un légume en Afrique. Son écorce est riche en tannins, substances capables d’empêcher la putréfaction des peaux et utilisées dans les tanneries. Réduite en poudre, cette écorce s’utilise pour les gargarismes (maux de gorge, angines) en décoction de 20 g d’écorce/l d’eau bouillante. La poudre a des propriétés astreignantes et permet de lutter contre les hémorragies et contre la fièvre (4 g d’écorce/½ l d’eau à prendre deux fois par jour).
Indigofera spicata
Cette plante est utilisée dans certaines îles de la Caraïbe contre le diabète de type 2. Des études publiées en 2015 indiquent qu’elle pourrait faire baisser le taux de glucose dans le sang. Mais ces études nécessitent des investigations supplémentaires et ne sont pas validées par la France.
Herbe grasse (Commelina diffusa)
C’est une herbe à tiges rampantes présentant des petites fleurs bleues. Elle possède des propriétés antibactériennes, diurétiques et antifongiques et est utilisée contre les cystites, la rétention d’eau… On utilise la tige et les feuilles de la plante. Contre les infections urinaires et l’hypertension, utiliser 30 g/l d’eau. Laisser bouillir 1 min puis infuser 15 min. Boire trois tasses par jour. Contre les éruptions cutanées, on utilise la plante entière écrasée dans l’eau du bain. Aux Antilles, l’usage populaire est de tremper la tige dans de l’huile de ricin et de s’en servir comme suppositoire en cas de constipation des enfants.
Attention danger !
La sonèt (Crotalaria retusa), de la même famille que le pois de bois, enrichit les sols en azote mais contient de puissants alcaloïdes qui détruisent le foie (veino-occlusion du foie) provoquant des symptômes identiques à la cirrhose. Autrefois, en Guadeloupe, elle était consommée en thé contre les quintes de toux déclenchées par la coqueluche mais a intoxiqué de nombreux enfants dans les familles. Aujourd’hui, les enfants jouent avec les gousses quand les graines sont sèches pour faire de la musique comme des mini-chachas.
Par Barbara Keller