Des chercheurs américains sont parvenus à déterminer précisément pourquoi et comment certaines personnes se transforment en véritables aimants à moustiques. Explications.
Sommes-nous tous égaux face aux piqûres de moustiques ? Non ! Grâce à une étude américaine (publiée dans le journal Cell), nous en connaissons, aujourd’hui, la raison précise. Pendant 3 ans, des chercheurs du laboratoire de neurogénétique et de comportement de l’université de Rockefeller de New York ont travaillé sur l’attirance des moustiques et plus précisément de l’Aedes aegypti (vecteur du virus zika, de la dengue, de la fièvre jaune et du chikungunya) pour l’odeur de la peau humaine. 64 volontaires ont porté des bas en nylon sur leurs avant-bras pendant 6 h par jour sur plusieurs jours afin d’y « imprimer » leur odeur corporelle. Les chercheurs ont ensuite observé l’attitude des Aedes vers l’un ou l’autre des nylons en les plaçant dans des pièges séparés au bout d’un long tube.
Une odeur unique
Le constat est sans appel. « L’un des volontaires était 100 fois plus attirant que le moins attirant des participants », rapporte le magazine Futura. On y apprend aussi que « les personnes les plus attirantes pour les moustiques le restaient pendant toute la durée de l’étude et pas moins de 50 composés moléculaires présents en grande quantité dans le sébum de ces personnes ont été identifiés, dont les acides carboxyliques ». Ces acides sont consommés par les bactéries saines de notre peau pour produire une odeur corporelle unique.
Des répulsifs plus efficaces
« Même si on savait déjà que les bactéries de la peau humaine étaient fortement associées aux moustiques, les résultats de cette étude sont particulièrement intéressants, souligne Anubis Vega Rúa, chercheuse et responsable du laboratoire d’étude sur le contrôle des vecteurs à l’Institut Pasteur de Guadeloupe. Ils démontrent, d’une part, la durabilité de l’attraction. Une personne très attirante pour les moustiques le restera possiblement toute sa vie et devra donc se protéger en permanence. L’étude identifie, d’autre part, le rôle des acides carboxyliques présents sur la peau. De quoi encourager les chercheurs à élaborer des compositions et formulations plus performantes lors de la conception de répulsifs. »
Et les touristes ?
Ces découvertes permettent-elles d’expliquer l’attirance qu’ont les moustiques pour les touristes fraîchement arrivés sous nos latitudes ? Pas vraiment selon Anubis Vega Rúa. « Nous savons que ces personnes sont susceptibles de transpirer davantage parce qu’elles sont moins habituées aux fortes chaleurs. L’acide lactique, produit par la transpiration, peut, en synergie avec les bases de la peau, accroître l’attractivité vis-à-vis du moustique. Mais produisent-elles davantage d’acide carboxylique ? Nous n’avons pas encore de données finies. Il faut aussi tenir compte du facteur allergique et que seules témoignent les personnes qui sentent les piqûres. Au bout de quelques semaines, la réponse aux piqûres peut être différente. » À suivre.
Par Lia Mancora