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Ophély Mézino : « Le sport a été ma thérapie »

Portrait Ophely Mézino
Sébastien Fremont

Sa vie semble si parfaite… Pourtant, Ophély Mézino, ancienne Miss Guadeloupe, a dû relever nombre de défis : la surdité de sa mère, sa couleur de peau…

À bientôt 25 ans, Ophély Mézino est une femme dynamique, déjà bien accomplie. Née le 16 juillet 1999 à La Réunion, d’un père guadeloupéen et d’une maman réunionnaise, cette reine de beauté a été élue successivement Miss Guadeloupe 2018, 1ère dauphine de Miss France 2019, puis 1ère  dauphine de Miss Monde 2019. Désormais mannequin et créatrice de contenus à succès, elle a également tenu un petit rôle dans la série incontournable de Netflix, Lupin, aux côtés du talentueux Omar Sy.

Ses engagements

La jeune femme est aussi diplômée en ingénierie chimie et envisage de créer sa propre marque de cosmétiques. Résolument positive et tournée vers les autres, elle aimerait se diriger vers le coaching, afin d’aider les gens à « devenir la meilleure version d’eux-mêmes ». Lors de ses années de Miss, elle a toujours mis en avant une cause qui lui tient particulièrement à cœur, celle des personnes en situation de handicap, elle dont la mère est sourde et le père malentendant.

« Je suis une enfant coda (enfant entendant de parents sourds, NDLR). C’est quelque chose que je me suis beaucoup attelée à mettre en avant. J’ai été la marraine de l’association Bébian un autre monde qui œuvre à la reconnaissance de la culture sourde en Guadeloupe. On a réussi à faire de belles choses. Je compte bien revenir au combat associatif, mais je dois d’abord me construire en tant que femme et me former aussi. Je vais, par exemple, encore me parfaire à la langue des signes, même si je la parle déjà. »

Portrait Ophely Mézino

Ce qu’elle aimerait changer ? Le manque d’accès à l’information des personnes malentendantes sur son île. Elle prend pour exemple les difficultés rencontrées par ses parents et les stratégies déployées pour s’adapter. Elle pointe du doigt le manque d’interprète et de traduction des journaux télévisés.

« Je trouve assez aberrant qu’en 2024, les sourds n’aient pas accès à l’information parce qu’il n’y a pas de sous-titrages, ni d’interprète, souligne-t-elle. On est déjà suffisamment isolés par le fait d’être sur une île. Quand je vois que ma mère est obligée d’aller sur des groupes WhatsApp pour savoir si un ouragan arrive ou pas, ça me dépasse. » La jeune femme a aussi le souvenir douloureux du regard des autres, notamment dans les administrations. « L’accès aux services administratifs doit également être plus développé. Il arrive que ma mère m’appelle pour que je réponde aux personnes travaillant dans ces services, alors que j’habite à Paris ! Ils ne sont pas forcément réceptifs, ni forcément gentils. Elle repart parfois en pleurant parce qu’on ne la respecte pas ou parce qu’on se moque d’elle. Il faudrait vraiment que les structures administratives soient mieux formées à tous les handicaps d’ailleurs. Chez nous, il faut aussi travailler l’acceptation de la différence. La peur des autres et du handicap engendre des comportements vraiment inadaptés et malveillants. »

Ses blessures

Cette malveillance, Ophély l’a découverte dès l’enfance, en raison non seulement du handicap de ses parents, mais également de sa couleur de peau et de sa chevelure. Avec sa famille, elle a vécu 10 ans dans les Pays de la Loire. « J’ai subi du harcèlement scolaire pendant toute mon enfance, notamment à cause de ma couleur de peau et aussi parce que ma mère était sourde. J’ai beaucoup souffert d’être pointée du doigt, confie-t-elle. C’est pour ça que j’insiste sur cette question du regard. Ça m’a beaucoup touchée de voir que les parents n’étaient pas en mesure d’expliquer à leurs enfants que ma mère était une personne différente, mais que c’était un être humain. À l’école en général, dès qu’on est un petit peu différent, c’est déjà compliqué à vivre. Mais le fait que ma mère soit sourde a rajouté énormément de moqueries. Et puis, j’étais aussi l’intello de service, la sportive, ça ne plaît pas à beaucoup de monde. Mais c’est grâce à ces épreuves que je suis déterminée, que je n’ai pas peur, et que j’avance sans me préoccuper de ce que les gens pensent. Cela m’a renforcée, mais je ne souhaite à personne de passer par là. Ça a été très très dur. Plus jeune, je suis passée par des épisodes dépressifs. »

Sa thérapie

Heureusement, la jeune Ophély a pu trouver du réconfort dans le sport, une activité où elle excellait ! Elle s’est passionnée pour l’équitation et la voile, et a fait de l’athlétisme à haut niveau : lancer de poids, triple saut, et même les championnats de France de course de haies. Son rêve était de participer aux Jeux olympiques, avant qu’une blessure ne vienne y mettre un terme.

Portrait Ophely Mézino

« Dans un stade, on a tous accès aux mêmes infrastructures, au même entraînement. C’est un lieu parfaitement neutre où on oublie ses différences pour montrer ce qu’on sait faire. C’est l’endroit où j’échappais enfin aux moqueries et, surtout, cela me poussait à donner le meilleur de moi-même. J’avais de bons résultats, ce qui m’a permis de gagner en confiance au quotidien, de garder la tête haute et d’avoir un objectif… Le sport a été vraiment l’école de ma vie. J’ai gagné une mentalité de sportive, de compétitrice, et je l’applique au quotidien dans tout ce que je fais. » 

Devenue depuis un mannequin international, elle ne peut plus faire autant de sport qu’elle le souhaite, devant faire attention à ne pas trop prendre en masse musculaire. « C’est quelque chose qui me manque énormément, car j’avais l’habitude de pratiquer beaucoup de disciplines différentes. J’étais plus passionnée par le sport que par le monde de la beauté finalement ! »

Son message

Son conseil aux jeunes se trouvant dans une situation de harcèlement ? En parler, même si cela n’est pas facile, jusqu’à ce que l’on trouve quelqu’un qui nous écoute, et trouver son échappatoire. Mais l’actualité montre que le chemin à parcourir est encore long…

par Chloé Gurdjian 

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