Chaque homme découvre la paternité différemment. Mais tous les papas parlent d’une expérience inoubliable. En mots et en émotions, voici quelques témoignages de premières rencontres avec bébé.
« Je suis intimidé »
J’ai 20 ans à l’époque. Quand on met ma fille dans mes bras, mon cœur bat très fort. Elle est née avant terme. 2,8 kg. Elle est menue et si fragile. Elle a les yeux fermés. Je ressens une très forte émotion qui me prend aux tripes. Je suis content, car elle va bien, mais je suis intimidé. J’ai peur d’être maladroit. Introverti, je ne montre rien. Je la caresse et l’embrasse. J’ai du mal à réaliser. Jusque-là, c’était très abstrait. Je sens tout de suite le poids des responsabilités sur mes épaules.
Olivier, 42 ans
« Ton papa est là »
Je masse le ventre de ma femme enceinte pour susciter une réaction du bébé. J’essaie depuis 1 mois. Sans succès. Un jour, je sens un mouvement. Je suis surpris. Ma fille répond enfin au contact de mes mains. Je vois les déformations du ventre qu’elle crée avec son pied. L’échographie, c’était impersonnel. Là, je sens une vie bouger ! On « joue » tant qu’elle répond à mes stimulations. C’est un moment particulier. Je lui parle, ému : « Ton papa est là. Tu es bien ma fille. » J’ai envie de la protéger.
Jacky, 51 ans
« Sé mwen ki fè’y »
Je découvre le sexe de mon enfant à l’échographie du 4e mois. J’attends ce rendez-vous impatiemment. Le fœtus est sur le côté. Le médecin lit ma déception et insiste. L’enfant se retourne, écarte les jambes, sourit et bâille ! C’est un garçon ! Un truc se passe en moi. C’est inexplicable. Il faut le vivre. L’échographie en 3D est impeccable. Mes yeux brillent. Je suis émerveillé et concentré. Il a le même petit creux que moi entre son front et son nez. Je me dis : « wow ! Sé mwen ki fè’y ! »[1]
Olivier, 38 ans
« J’ai peur d’échouer »
Les choses deviennent réelles pour moi dès l’échographie du 2e mois. Je prends conscience de l’arrivée de quelqu’un à la maison. Le fœtus devient un être humain à part entière. Je dois le protéger et l’aider à grandir. Je suis assailli d’émotions contradictoires. Je suis soulagé, car le processus avance bien. Mais le poids des responsabilités est là. Je suis anxieux et j’ai peur d’échouer. Je pense à l’accouchement, à la mort subite. Je suis sans doute marqué par mon petit frère, né déficient suite à une maladie contractée durant la grossesse. Je me sens investi d’une mission : m’assurer que mon fils et ma femme restent en bonne santé pendant 9 mois.
Henri, 40 ans
« Je ne dis pas un mot »
La première rencontre physique avec mon fils est mon souvenir le plus marquant. C’est un samedi matin. Je suis impressionné de voir qu’on peut créer un autre être humain. Il est dans mes bras et j’ouvre ma chemise. Le contact charnel le rassure. Je contemple cette boule de chaleur humaine si frêle. On échange de longs regards intenses. Je ne dis pas un mot pris par l’émotion et la joie. Je me promets à moi-même : « Sa vie dépend de moi. C’est lui la priorité. »
Pascal, 38 ans
« Je suis fier »
Je deviens papa quand mon fils est dans mes bras. Je vis ce moment intensément et en silence. Je ne suis pas un grand bavard. Avant la naissance, c’est différent pour un père de ressentir les choses. Les échographies, ça reste des images. Je suis soulagé car l’accouchement a été difficile. Je le regarde. Son petit corps, ses yeux grands ouverts. Il est déjà très observateur. Je suis fier de réaliser le rêve de ma vie. Je ressens de la joie mêlée à de la peur et de l’inquiétude. Je suis un peu perdu.
Meddy, 33 ans
« Quelques larmes »
Ma fille est née par césarienne. Je l’ai dans les bras avant sa maman. Cela crée un lien particulier entre nous. Je regarde ce petit bout de demoiselle entre mes mains et je vois notre ressemblance. « Une fille qui ressemble à son père a de la chance », me glisse l’infirmière. Quelques larmes coulent. Je lui chuchote que je suis son papa et lui dévoile son prénom. Je lui confie qu’il m’est apparu dans un rêve. Elle me regarde les yeux mi-clos. Je devine qu’elle se demande où elle est. Je la rassure et continue à parler pour l’habituer à ma voix. Je suis traversé par le bonheur, le soulagement et la crainte de trop la serrer. Je demande conseil à la sage-femme. C’est une nouvelle vie qui commence pour moi.
Boris, 44 ans
« Comme un volcan »
Chaque découverte est un moment fort. À l’accouchement, quand j’aperçois ses cheveux, son crâne puis son visage, un volcan explose en moi. C’est naturel pour moi de voir bébé arriver. Je ne suis pas impressionné par le sang et tous les fluides. Tout ça n’est rien à côté de la douleur de la mère ! Je prends conscience qu’un petit être arrive. Je plane. Je ressens une immense fierté, car c’est le mien. J’ai des étoiles dans les yeux. Tout ce que j’ai imaginé se concrétise.
Marc, 39 ans
Par Bôni