Les relations entre parents-profs ne sont pas toujours évidentes. Malentendus, distance, conflits… Dans tous les cas, c’est l’enfant qui en pâtit. Voici quelques clés pour mieux comprendre les « codes » de ce travail d’équipe, où dialogue et confiance sont les maîtres mots.
À l’école, pour votre enfant, tout va bien. Enfin c’est ce qu’il vous dit. Au fond, vous sentez comme un malaise : cahier de texte systématiquement vide, aucune évaluation à signer… Le problème, c’est que vous n’osez pas « déranger » l’enseignante, plutôt distante et qui n’a pas l’air « commode ». Erreur. En tant que parent, vous avez des droits. Droit à l’information sur la scolarité et le comportement, droit de réunion collective ou individuelle, droit de siéger, à travers les représentants (parents d’élèves élus) dans les instances scolaires. Cela signifie que vous pouvez demander à voir régulièrement le travail de votre enfant et que vous devez recevoir le livret scolaire unique (LSU) du CP à la 3e chaque trimestre ou chaque semestre selon l’organisation de l’établissement. Vous pouvez aussi, à n’importe quel moment, solliciter un rendez-vous avec un enseignant. Celui-ci a l’obligation de vous recevoir individuellement.
Cahier de liaison
Et ce, même au collège et au lycée ! En effet, les liens entre enseignants et parents sont très différents en primaire (école maternelle et élémentaire) et dans le secondaire (collège et lycée). En primaire, les parents viennent souvent déposer ou chercher leur enfant à l’école. Ils sont régulièrement en contact avec l’enseignant, peuvent plus facilement échanger. Au collège, les choses se compliquent. La famille et l’école deviennent deux mondes bien distincts. « Entre 11 et 14 ans, les enfants changent énormément. Les liens entre la maison et le collège sont donc essentiels, explique Jean-Louis Délen, ancien parent délégué et professeur de mathématiques. Il ne faut pas avoir peur de demander des rendez-vous réguliers, avec le professeur principal ou le professeur d’une matière en particulier. »
Reste que pour rencontrer un professeur, il y a des règles. « Les parents qui débarquent dans ma classe à 8 h 10 alors que je suis en plein cours, avec 25 élèves sous ma responsabilité, avec moi ça ne passe pas ! lâche Christelle, enseignante en primaire. Le parking et la grille ne sont pas non plus des lieux pour se faire alpaguer et parler devant tout le monde d’un problème survenu en classe. » La meilleure solution pour prendre un RDV ? Simplement, une demande écrite dans le cahier de liaison.
Travail d’équipe
En primaire, comme en secondaire, il faut voir la relation avec l’enseignant comme un travail d’équipe dont l’objectif principal est la réussite de l’enfant. « Cette réussite repose sur le trépied : enfant, parents, enseignants, insiste Jean-Louis Délen. Si l’un des pôles vacille, c’est l’avenir de l’enfant qui est en jeu. Pour construire cette relation, il est important que les parents soient reçus, si possible, accompagnés de leurs enfants. Cela permet à chacun de comprendre son rôle dans cette alliance, mais aussi, pour le professeur, de « défendre » l’élève si le parent est trop exigeant ou, au contraire, d’informer les parents, parfois loin du terrain de l’enfant, en cas de problème. » Et si l’équipe dysfonctionne, il faut trouver des solutions. Émilie, maman d’une petite fille porteuse de handicap, raconte : « L’année dernière, j’ai constaté des lacunes chez ma fille. Mais entre la maîtresse, l’orthophoniste, le papa et moi, rien n’était coordonné. Nous allions un peu dans tous les sens. Afin de parler à l’unisson et donner des messages clairs à ma fille, nous avons mis en place un cahier de liaison « spécial » entre nous quatre et cela a été très bénéfique. »
Jouer le jeu
« Ne jamais dire du mal de la maîtresse ou de l’école devant son enfant, même si on le pense très fort, c’est la base ! remarque Aurore Mirmand, professeur d’anglais et maman de deux enfants de 9 et 11 ans. Et si on rencontre un problème, il faut s’adresser d’abord à la maîtresse, avant d’aller voir la direction ou l’inspection. » Et pour cela vous devez jouer le jeu, même si vous êtes en désaccord avec l’enseignant. Si vous le contredisez, si vous affichez vos doutes, votre colère ou pire, votre mépris devant votre enfant, c’est lui qui en subira les conséquences : perte de confiance vis-à-vis du professeur, de l’école et des apprentissages en général, perte de motivation, porte ouverte pour se montrer irrespectueux. L’enfant sera pris entre deux discours et aura du mal à se construire au milieu de ces contradictions.
Si vous avez des doutes sur les méthodes d’un professeur ou même sur le contenu des apprentissages, demandez simplement des explications, tout en restant à votre place. Rappelez-vous que l’enseignant est un professionnel qui risque de mal prendre votre intervention, surtout si elle est injustifiée ou si elle a pour origine un malentendu. Écoutez attentivement les explications fournies, puis présentez calmement votre point de vue et essayez de trouver un terrain d’entente.
Chacun sa place
Attention tout de même à ne pas être trop envahissant. Pour ce qui est des apprentissages, il ne faut pas griller les étapes. L’enseignant suit un programme précis avec ses propres méthodes et votre enfant risque de tout mélanger. Laissez de l’espace, acceptez de ne pas tout maîtriser. Votre enfant a sa petite vie, à lui, à l’école. Il faut lâcher prise et faire confiance à l’enfant comme à son enseignant. Et surtout, n’annotez pas ses cahiers, ne les corrigez pas vous-même. Vous êtes le parent, pas la maîtresse.
Par Lucie Daniel