Certaines plantes dites hypoglycémiantes peuvent aider en cas de diabète. Mais méconnaître leur action ou leur posologie expose à de nombreux risques.
« Une plante est un être vivant ! Certes, elle peut avoir des propriétés médicinales intéressantes, mais également des effets secondaires », prévient Marie Gustave, présidente de l’Association pour les plantes médicinales et aromatiques de Guadeloupe (Aplamedarom). Et dans le cas du diabète, si elle est mal employée, elle peut non seulement s’avérer inefficace, mais dangereuse.
Diabète de type 2
« Les diabétiques décident souvent de faire appel aux plantes pour se soulager d’un repas trop copieux ou parce que les médicaments leurs procurent des douleurs à l’estomac. Ils pensent qu’elles sont inoffensives, car naturelles », constate Élisabeth Félicie-Dellan, endocrinologue et diabétologue. Or, mal utilisées, ces plantes peuvent entraîner une chute trop brutale de la glycémie, avec malaise hypoglycémique, voire un coma. Surtout si elles sont associées à un traitement équilibrant déjà le diabète. « Toute la difficulté réside dans l’accumulation des traitements », reprend l’endocrinologue. « Dans le cas du diabète de type 1 (diabète maigre), les plantes médicinales sont inefficaces, car la maladie est provoquée par un pancréas qui ne peut plus fabriquer d’insuline », informe Tatiana Osmar, pharmacienne. Le seul traitement reste la prise constante d’insuline. Mais dans le cas du diabète de type 2, les plantes peuvent jouer un vrai rôle. Ce « diabète gras » se déclenche lorsque le pancréas ne produit plus assez d’insuline pour parvenir à réguler l’excès de glucose, notre « sucre naturel ». Or, le glucose, sorte de carburant pour notre organisme, est indispensable à la vie, à notre activité musculaire et cérébrale en particulier.
Avant toute consommation de plante, prendre l’avis d’un spécialiste !
Bien choisir ses plantes
Certaines plantes aident à stimuler la sécrétion d’insuline, ou « en miment l’action, comme un double de clé », observe Élisabeth Félicie-Dellan. Le paroka, en décoction des feuilles (30 g/l d’eau) ou sa coque, cuite à feu doux, sans eau, en ôtant les graines toxiques, « fait chuter le taux de sucre, protège les cellules du pancréas et optimise l’action de l’insuline. Mais le paroka est à prendre avec prudence si on prend déjà un traitement hypoglycémiant. Si la glycémie chute trop, c’est l’hypoglycémie », avertit Tatiana Osmar. Elle est déconseillée aux femmes enceintes, tout comme l’écorce de cannelle qui, elle, optimise la fonction de l’insuline. « La cannelle devient toxique si le dosage est trop élevé. Elle peut être irritante pour la muqueuse digestive. Et attention aux risques d’allergie ! Utilisez 7 à 10 g/l en décoction », conseille Marie Gustave. Pour stimuler la sécrétion de l’insuline, elle recommande la liane serpent (très amère) en décoction ou en macération, à raison de 30 g/l. Et pour la digestion des sucres lents avec diminution de la glycémie du sang, l’aubergine ou encore la grenn an ba fèy, entrée à la pharmacopée française en 2013. Mais cette dernière peut, en surdosage, provoquer une toxicité hépatique et rénale. « D’autres plantes s’avèrent efficaces : caïmite, jamblon, Aloe vera, etc. Les principes actifs de ces plantes ont été vérifiés. Attention aux informations que vous trouvez sur internet et inquiétez-vous toujours de leur provenance », alerte Marie Gustave.
Une tasse par jour
« Il est capital de bien connaître la posologie, afin de se soigner et non de s’empoisonner », poursuit Marie Gustave. En infusion, elle préconise 5 g de feuilles maximum, de préférence hachées menu, concassées dans une tasse de thé d’eau bouillante (25 cl), à boire lors du repas (utilisez un peu plus d’eau pour la décoction). « Il vaut mieux parler en grammes plutôt qu’en feuilles, car toutes les feuilles n’ont pas la même taille ! » Toujours filtrer avant de boire, en particulier la citronnelle dont les feuilles possèdent de micro-filaments. « Pour les plantes présentant une toxicité en surdosage (grenn an ba fèy…), je conseille de boire une tasse par jour, dans un temps limité, et surtout en accord avec son médecin », avise Tatiana Osmar. L’infusion ou la macération se conserve 24 h au réfrigérateur et la décoction, 48 h. Enfin, même si nous avons un terrain génétique plus ou moins favorable au diabète, c’est bien l’alimentation moderne, trop riche en sucre et en graisses, et le manque d’activité physique qui sont à l’origine de la maladie. « Les plantes n’empêchent pas l’apparition du diabète et ne le guérissent pas ! Une fois la maladie installée, on ne peut plus revenir en arrière. Seuls un comportement alimentaire adapté, ainsi qu’une activité physique peuvent mieux prévenir l’apparition de la maladie ou améliorer son traitement », pondère Élisabeth Félicie-Dellan.
Infusion ou décoction ?
- Infusion : placer la plante (feuilles, racines tendres, fleurs,...) dans de l’eau bouillante, et toujours recouvrir.
- Décoction : faire bouillir la plante dans un récipient couvert.
- Macération : placer la plante à température ambiante 1 à 2 h (écraser un peu la racine si l’écorce est très coriace).
Toujours filtrer ces trois préparations avant absorption.
Par Marie Gustave, présidente de l’Aplamedarom