Le paon fait la roue, l’homme repasse sa chemise. Mais tous deux ont la même idée en tête : séduire. Pourquoi séduire ? Comment s’y prendre ? Y a-t-il des techniques infaillibles ? Réponses avec Véronique Lucas, sexologue et psychothérapeute.
La séduction ça sert à quoi ?
D’abord, séduire vient du latin « seducere » qui signifie « mettre à part ». Ce qui peut être une manière de choisir. Lorsque nous séduisons, nous choisissons notre partenaire. A l’origine, dans notre inconscient, naît un désir sexuel afin de nous reproduire.
Cela veut dire aussi « se distinguer ». Par rapport aux autres « candidats ». Nous essayons donc de nous mettre en valeur, par notre image et nos propos, dans le but de donner à l’autre des éléments d’attraction, ou une image de soi positive. N’oublions pas que la séduction est un comportement naturel, tant pour les hommes que pour les femmes.
Existe-t-il plusieurs moyens de séduire ?
Oui, bien sûr. Certaines personnes ont un charme naturel, de l’humour, de la gentillesse… Toutes ces qualités sont des éléments de séduction. A contrario du séducteur qui misera sur son éclat, vous pouvez aussi vous démarquer par votre discrétion, votre modestie, votre retrait. En fait, il s’agit de soigner votre comportement, d’en faire alors un atout et signer ainsi votre différence.
La séduction ne sert-elle qu’à atteindre un objectif sexuel ?
La séduction est utile dans la vie courante (sociale, professionnelle…) ayant comme dénominateur commun un ou plusieurs objectifs différents. C’est l’enfant qui va tenter de plaire à ses parents, l’employé qui veut se faire bien voir de son patron, le commercial qui tente de vendre son produit… Nous sommes donc tous des séducteurs.
Le chasseur s’équipe en fonction de sa proie et du terrain : outils, armes, habit, etc. C’est pareil pour le séducteur. Une fois sur place, il observe, sélectionne sa proie et met tout en œuvre pour atteindre son but, sa proie ou le sujet de sa convoitise.
Y a-t-il des gestes ou des postures propres à la séduction ?
Tous les gestes et postures qui témoignent d’une certaine confiance en soi. De façon inconsciente, les attitudes qui dénotent ou trahissent la volonté de plaire : la femme qui se passe la main dans les cheveux, l’homme très sûr de lui qui se tient droit, bombe le torse, bien campé sur ses jambes, la main à la taille, par ex. La démarche aussi est évocatrice. Tout commence par la communication non verbale telle qu’un regard, un geste évocateur… Par exemple, à la plage, l’entrée et la sortie de l’eau sont des moments essentiels de séduction que tout le monde observe. Une femme peut sortir de manière très aguicheuse, très sensuelle. Notez aussi, chez les ados par exemple, le garçon va fumer et jouer les hommes, pour montrer qu’il peut « assurer »…
Il peut aussi exister un décalage entre communication verbale et non verbale…
Oui. La communication non verbale (la gestuelle) est inconsciente. Son expression étant de témoigner d’un désir de séduire, alors que le discours tenu peut être plus froid, voire cassant. C’est un comportement incohérent qui déstabilise l’autre.
Quels sont les trucs de séduction ?
La meilleure des recettes, c’est la confiance en soi. Mais ce n’est pas si facile… La priorité est, bien sûr, une bonne communication verbale par les mots et l’écoute de l’autre, une inter-activité dans le regard de l’un comme de l’autre…
Dans la mesure où nous nous connaissons bien, nous pouvons nous appuyer sur toutes les facettes de notre image, l’utiliser comme support, exploitant ensuite nos capacités pour mettre en place « le stratège de la séduction »… D’ailleurs, souvent, le séducteur « play boy » ou « Don Juan », pense qu’il est infaillible. Ce qui ne l’empêche pas de se faire rejeter…
Ensuite, il y a d’autres groupes de séducteurs. Par exemple, ceux qui séduisent par le rire. Le rire est un critère de complicité. On rit de la même chose, on partage une sensibilité. Ou bien encore pour certains, d’autres critères de partage comme des affinités, morales, des points communs dans d’autres contextes comme la danse, la musique, le sport, etc.
La relation homme-femme a beaucoup changé ces dernières décennies.
Cela a-t-il modifié le jeu de la séduction ?
Oui. Il fut un temps où l’homme était un « John Wayne macho », sûr de lui qui disposait des femmes. Aujourd’hui, la femme a pris son indépendance et peut décider de sa sexualité. Elle peut dire oui ou non. Ce qui parfois déstabilise l’homme et l’empêche de tenter l’aventure de peur de se faire éconduire. Les femmes ont repris force dans les rapports de séduction ; les hommes, qui étaient des « chasseurs », sont devenus des « cueilleurs ».
Internet, les SMS et autres nouveaux moyens de communiquer
ont-ils modifié la séduction ?
Pour une catégorie de gens timides, ou bien ceux qui ont peu de temps ou encore pour certains qui n’ont pas envie de jouer au jeu de la séduction. Ils utilisent de nouveaux outils (internet, sites de rencontres, etc.) pour approcher d’autres personnes. Cela leur permet de faire un tri, un choix. Une fois en face à face, la séduction est la même. Exemple : lorsqu’il remplit sa fiche, le candidat se présente sous ses meilleurs aspects pour se vendre, puis, il y a la rencontre physique, le voile se lève. Ces outils sont des moyens de se porter candidat sans aborder quelqu’un dans la rue.
Enfin, chez les jeunes adultes, aujourd’hui, les rapports sont plus directs, plus simples. Je pense que c’est une bonne évolution pour une séduction présente, avec un bénéfice : celui d’être plus libérée…
Y a-t-il une mode dans la séduction ?
Bien sûr, et cela avec les moyens actuels. Il s’agit donc d’adhérer à des codes bien précis que nous trouvons partout autour de nous, sur des supports à chaque fois différents. La poésie est beaucoup tombée en désuétude, par exemple. Cela existe encore, mais ne concerne qu’une tranche de la population plus littéraire tout comme le romantisme. Celui qui est qualifié de romantique passe pour un bisounours, cœur d’artichaut… Qui risque fort d’être ridiculisé !
Alors, adaptons-nous à notre société, apprenons à nous connaître afin de répondre à nos besoins et désirs qui nous font nous rencontrer et avancer dans la vie…
Êtes-vous un casanova ou un don juan ?
Ce sont les objectifs qui sont quelque peu différents ; différents de par leur sexualité. Pour le casanova, le choix de son sujet est précieux, sélectionneur exigeant car sa propre sexualité l’est tout autant…
Pour le don juan, c’est un esprit de manipulation, la recherche du plaisir et tous les moyens sont bons pour y parvenir… C’est un jeu de conquérant et de collectionneur. Aujourd’hui, les femmes s’impliquent dans ces jeux de séduction qui font que ce ne sont plus des proies, encore moins des victimes…