Lipstick tree, woukou, annato, achiote, urucum… Derrière ces multiples appellations se cache le fameux roucou (Bixa orellana). Utilisées en cuisine, en cosmétique et en pharmacie, ses petites graines n’en finissent plus de nous faire rougir…
Les Amérindiens s’enduisaient le corps de roucou pour se protéger des moustiques, du soleil et des mauvais esprits. C’est de cet usage que viendrait le terme « peaux-rouges » ! Aujourd’hui, c’est en mémoire du génocide des Indiens Caraïbes que les groupes à pieds couverts de pâte de roucou défilent dans nos rues pendant le carnaval.
Anti-oxydante
L’arbre est originaire d’Amazonie. Son fruit étonnant, recouvert de poils, cache de jolies graines triangulaires de couleur rouge. Elles renferment une grande quantité de bêta-carotène (100 fois plus que les carottes !), idéale pour préparer sa peau au soleil (la provitamine A renforce l’épiderme et stimule la mélanine). Attention tout de même, l’huile de roucou ne protège pas pour autant des UV ! Elle contient également du calcium, du soufre, du magnésium, du sélénium, du zinc, du cuivre et du manganèse. Le roucou a une action anti-oxydante grâce à la présence de bixine, un pigment caroténoïde naturel, et de vitamine E. Il entre aujourd’hui dans la fabrication de nombreux produits cosmétiques (savons, crèmes, poudres, rouge à lèvres…).
Beauté des cheveux
Au quotidien, l’huile de roucou donne au visage un effet bonne mine. Elle s’utilise aussi sur les cheveux. En petite quantité sur les longueurs et les pointes, elle hydrate et répare les cheveux ternes et cassants.
Fébrifuge
On lui attribue également des propriétés antibactériennes, anti-inflammatoires, antiseptiques et cicatrisantes, ce qui en fait un bon allié contre les brûlures. Les anciens utilisaient sa graine, réduite en poudre, pour lutter contre l’asthme et comme emménagogue (qui provoque ou régularise le cycle menstruel). L’infusion des graines étaient utilisée comme fébrifuge.
Colorant
Le fort pouvoir colorant de ses graines fait du roucou l’un des colorants alimentaires le plus utilisé au monde sous le nom de code E 160. Il colore les sauces, les confitures, les potages et même certains fromages comme l’Edam, la mimolette ou le Cheddar hollandais. L’eau, l’huile ou le beurre de roucou (appelé beurre rouge) servent à colorer le riz, les pâtes, les viandes blanches, les poissons, les légumes ou les fruits de mer. Dans la gastronomie caribéenne, le roucou, moins onéreux en son temps qu’un concentré de tomate et facile à concocter, a accompagné des générations de gourmands dans ses fricassées d’écrevisses, macadams ou courts bouillons de poisson. Aujourd’hui, le beurre rouge ou l’huile de roucou se retrouvent encore sur l’étal des épiceries de quartier, du marché, et désormais en grande-surface ou boutique bio.
Mon huile de roucou maison !
Au détour d’une balade ou au marché, procurez-vous une quantité suffisante de graines. Portez de l’huile, neutre (300 ml) et 100 % biologique, à ébullition. Plongez les graines de roucou (2 càs) dans l’huile brûlante. Remuez délicatement et laissez infuser 2 jours. Une fois le mélange bien coloré, filtrez-le et conservez-le dans un bocal hermétique : l’huile est prête à l’usage ! Pour la cuisine (en remplacement du safran, de la tomate ou du paprika), pour le corps…
Par Corinne Daunar