En climat tropical, le jardin nécessite un entretien régulier, toute l’année : tailler les arbres, tondre la pelouse… Et il n’est pas rare de voir les particuliers brûler ces déchets verts. Pourtant, cette pratique, réglementée, n’est pas non plus sans danger !
On appelle « déchets verts » les feuilles mortes, tontes de gazon ou branchages que l’on produit lorsque l’on jardine. Sur nos territoires, il est courant de les brûler à l’air libre, par commodité et par habitude… En effet, pendant longtemps, le ramassage des déchets n’était pas efficace, en particulier en zones rurales. « Cette problématique de brûlage des déchets par les particuliers est très présente dans le Nord de la Martinique. Nous recevons régulièrement des appels de personnes se plaignant des nuisances », note Gaëlle Grataloup, responsable de la communication à l’Observatoire de la qualité de l’air en Martinique (Madininair). Afin de remédier à ce problème, les agents de ces communes participent à des ateliers réalisés par Madininair, sur la prévention du brûlage des déchets verts.
Cancérigènes avérés
Aujourd’hui, les impacts de cette pratique sont mieux connus. Pendant la saison sèche, les feux de savanes ou de broussailles sont souvent causés par le brûlage à l’air libre par les particuliers. Non seulement il existe un risque de propagation des feux, mais en plus, les composés émis lors des brûlages sont polluants et nocifs. Leur combustion libère des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), des dioxines et des furanes, cancérigènes avérés, ainsi que des particules fines qui contribuent au risque de développement de maladies cardiovasculaires et respiratoires. Cette pollution est particulièrement difficile à évacuer en cas de brume de sable. Régulièrement, en ces épisodes, des alertes à la pollution atmosphérique sont diffusées et des recommandations sont données pour limiter l’impact sur la santé.
750 euros d’amende
Selon une enquête de l’Ademe menée en Martinique, 5 700 tonnes de déchets verts sont brûlées à l’air libre chaque année. Or, 50 kg de déchets verts brûlés polluent autant que 5 600 km parcourus par une voiture diesel récente (d’après Madininair). Le brûlage de déchets verts chaque année en Martinique équivaut donc à la pollution causée par 638 400 000 km parcourus par une voiture diesel ! Pour tenter de diminuer cette pollution, les organismes chargés de la qualité de l’air, en collaboration avec les ARS et plusieurs acteurs publics, mènent des campagnes de prévention. Ils sont aidés sur le terrain par des ambassadeurs et des brigades de l’environnement. Ces derniers sont habilités à délivrer des amendes. En effet, cette pratique est interdite et un récent décret modifie la sanction pénale qui s’élève désormais à 750 euros.
Paillage, compostage…
Quelles alternatives s’offrent aux particuliers ? Dans certains cas, il est possible de valoriser les déchets verts soi-même. Les tontes de gazons peuvent être directement utilisées pour le paillage des sols et limiter la pousse des « mauvaises herbes », et fertiliser (cette litière en décomposition fournit des nutriments aux cultures). Même utilisation pour le broyat des résidus ligneux (branchages…). Vous trouverez des broyeurs en location ou à la vente dans le commerce à des prix variables. Le compostage peut également constituer une très bonne solution. Sinon, vous pouvez aussi bricoler les résidus de taille d’arbres pour en faire des supports, tuteurs ou tonnelles dans le jardin, ou encore des objets déco (abat-jours, miroirs…) « nature ». Vous trouverez facilement des tutoriels sur internet.
Transport à la déchetterie
Si aucune de ces solutions n’est envisageable, les communautés d’agglomérations sont chargées de la prévention, la gestion et la valorisation des déchets. Pour les déchets verts, un calendrier spécifique de collecte est mis en place. Commencez par le consulter. Il est demandé de les rassembler et de les mettre en sac, afin de réduire les volumes au maximum. Si les jours et la fréquence de collecte ne conviennent pas à vos besoins, dans certaines communes, une benne peut être mise à disposition sur demande. Sinon, les déchets doivent être amenés (par le particulier) à la déchetterie. Leur élimination dans des centres de traitements se fait de manière contrôlée afin de limiter le relargage de polluants dans l’atmosphère.
Par Élodie Drané
(paru en juill-août 2021)