Prendre conscience de son corps, développer un imaginaire érotique, lâcher-prise… Claudie Caufour, thérapeute en psychologie et en sexologie clinique et thérapeute de couple, nous donne les clés d’une sexualité épanouie.
Comment éprouver plus de plaisir au lit ?
L’une des choses les plus importantes est la connaissance de son propre corps. Pour l’homme, c’est plus facile, parce qu’il voit son sexe. Il comprend ce qui l’excite. Pour une femme, c’est plus compliqué. Percevoir son sexe qui se dissimule à ses yeux, repérer ses sensations vaginales, n’est pas chose facile. La masturbation est alors un moyen de se découvrir. Aussi, le plaisir féminin est souvent entouré de jugements négatifs : une femme trop libérée sexuellement est une femme facile, la virginité est valorisée…
Il faut à tout prix sortir de ces représentations, inventer une sexualité épanouissante et développer un imaginaire sexuel, ce qui nécessite de parvenir à une bonne communication sexuelle avec son partenaire. C’est le second point. Vous découvrirez ainsi les codes qui émoustillent votre désir sexuel : un lieu insolite, faire l’amour de manière intense ou au contraire des gestes tendres et des baisers langoureux.
Comment donner plus de plaisir à son partenaire ?
En connaissant la réalité de sa sexualité psychologique. Pour un homme, c’est comprendre qu’il ne suffit pas de toucher les seins et les organes génitaux d’une femme pour l’exciter. Une femme doit être approchée par la périphérie, c’est-à-dire avec des petites attentions. Elle ne doit pas avoir le sentiment que tout ce qui intéresse son partenaire, c’est le sexe. Dans la logique inverse, la femme doit accepter l’idée que son compagnon puisse prendre sa main et la poser directement sur son pénis.
L’homme est plutôt génital, la femme plutôt émotionnelle (la sexualité féminine se vit d’abord dans une dimension affective. Ce n’est que lorsque cette dimension affective est comblée qu’elle peut envisager une rencontre génitale). Donner plus de plaisir, c’est parler le langage de l’autre. Pour cela, il faut oser communiquer avec son partenaire. Savoir ce qu’il aime, ce qu’il aime moins.
Dans votre livre, vous expliquez que l’acte sexuel requiert une respiration spécifique. Laquelle ?
La respiration abdominale est profonde. Elle permet de faire voyager ses sensations et de maintenir le corps dans un état de confort. Avec une respiration abdominale, on contrôle mieux la tonicité du corps. Cela va par exemple aider l’homme à ne pas éjaculer trop vite. Elle favorisera également la capacité de vivre la pénétration dans un corps en mouvement, ce qui est un élément indispensable pour vivre une excitation de qualité.
Quel est le rôle du périnée dans la sexualité ?
Le périnée est un ensemble de muscles qui soutiennent les organes génitaux. C’est cette zone qui se contracte au moment de l’orgasme. Chez la femme, après une ou deux grossesses, le périnée a tendance à se relâcher. Cela a des conséquences sur la qualité de son excitation.
Pendant la pénétration, ses sensations seront moindres et l’homme aura le sentiment que son sexe n’est plus « tenu ». Pour vous donner une image : si la main ne serre pas le stylo, il va tomber… Il faut donc muscler son périnée, en prendre conscience pour pouvoir le contracter volontairement, jouer avec.
L’homme aussi a un périnée, qu’il peut travailler. La base du pénis s’ancre dans le périnée. Cette base doit être solide. Un périnée trop tendu peut engendrer des éjaculations trop rapides. Un périnée trop mou peut provoquer des difficultés d’érection.
Comment bien bouger son corps ?
Il vous faut prendre conscience de votre bassin. C’est à partir du bassin que vous pourrez mieux bouger votre corps et animer vos sensations génitales puisqu’il abrite à la fois votre périnée et vos organes génitaux. C’est le temple du plaisir !
Va-et-vient
Prenez un ballon de gym et asseyez-vous dessus. Faites des mouvements d’avant en arrière avec votre bassin, puis des mouvements de rotation. Vous pouvez aussi réaliser cet exercice sur une chaise, en mettant les mains sur les hanches. Lorsque vous serez à l’aise avec ces mouvements, laissez monter l’ondulation jusqu’en haut du corps. Surtout, pensez à respirer continuellement et lentement avec votre ventre.
Faut-il laisser parler ses fantasmes ?
Ne considérer la sexualité qu’à travers des jugements moraux, c’est maintenir un système de pensée qui limite l’accès au bien-être sexuel. Les fantasmes animent le désir sexuel. Les fantasmes sont des images qui nous viennent à l’esprit et font monter l’excitation. Il ne faut donc pas les réfréner. Nombre de femmes m’avouent avoir un fantasme de viol. Cela peut paraître choquant, mais en réalité, ce fantasme évoque leur envie de vivre une sexualité intense, beaucoup plus stimulante.
Y a-t-il des positions plus favorables à l’excitation ?
C’est surtout la façon dont on érotise la position qui compte et la représentation que l’on s’en fait. La femme romantique va préférer des positions où elle peut voir son partenaire dans les yeux. Les hommes, eux, ont tendance à aimer la position de levrette (à quatre pattes). La vue des fesses et du bassin leur procure un plaisir intense. Cette position est parfois décriée par certaines femmes qui se sentent soumises. Pourtant, c’est une position dans laquelle la stimulation vaginale est profonde, intense. La position du missionnaire est aussi très agréable à condition que l’homme n’écrase pas sa partenaire de tout son poids !
Comment connaître l’origine de nos blocages ?
Les blocages viennent de notre système de pensées : nos connaissances, nos croyances, notre éducation, nos idéalisations. Comment s’aimaient mes parents ? Avaient-ils des gestes de tendresse l’un vis-à-vis de l’autre, ou étaient-ils plutôt distants ? Comment ma mère m’a parlé de mes premières règles ? Comment les adultes ont-ils répondu à mes questions sur la sexualité ? Il est important d’avoir un discours parental ou sociétal explicatif et neutre de la sexualité.
Actuellement, hormis le discours sur les risques de grossesse ou les maladies sexuellement transmissibles, rien n’est fait sur le sujet. La sexualité est souvent présentée comme un danger. Attention aussi aux codes véhiculés par internet et les films pornographiques. Ils créent des images faussées de la réalité. Il est urgent que notre société repense l’éducation sexuelle en termes de connaissance de son corps et de respect de celui de l’autre.