50 ans est l’âge de tous les mythes. L’âge d’or, pour certains. Le début du déclin, pour d’autres. Mais il demeure certain que des changements s’opèrent en nous et ont des conséquences sur notre vie sexuelle.
Quelle place de la sexualité tout au long de la vie ?
Notre rapport au sexe évolue tout au long de notre vie, de l’adolescence jusqu’à la mort. Chacun de nous porte une vision particulière en fonction de son éducation, de ses interactions sociales et de la religion. Tous ces éléments conditionnent ce rapport à la sexualité. Pour Diane Alot-Nolar, sexologue en Guadeloupe, on commence à l’adolescence par une phase d’exploration. On tâtonne, on se masturbe, on découvre. Puis avec les années, on affine ses choix. On cerne ce qu’on apprécie ou pas. Avec l’âge, les pratiques et les expériences, on se connaît mieux et on découvre ses limites. L’experte ajoute qu’il y a plusieurs manières de vivre sa sexualité. « Il faut savoir adapter sa sexualité en fonction de ses freins, ses douleurs, ses difficultés passagères. »
Quels changements ?
À partir de 50 ans, notre corps connaît une nouvelle phase. Chez l’homme, on observe un déficit de testostérones, les hormones mâles. C’est l’andropause. La masse et la force musculaires baissent. Il y a une prise de masse graisseuse. Une fatigue émotionnelle apparaît. Des bouffées de chaleur et plusieurs troubles (sommeil, humeur, attention, concentration) perturbent le quotidien. Mais tous les hommes ne sont pas concernés.
Contrairement aux femmes qui, elles, sont toutes touchées par la ménopause. Le déficit d’œstrogènes crée une atrophie vaginale due à un amincissement et une perte d’élasticité des parois, des bouffées de chaleur, des sueurs froides nocturnes, des troubles de l’humeur (irritabilité), voire un état dépressif. Le corps s’empatte. La poitrine perd de sa tonicité.
Quels impacts sur la sexualité ?
Ces changements affectent la vie sexuelle. On se sent moins désirable, attrayant, donc on se dévalorise, on se replie sur soi avec moins de désir. La femme a l’impression d’être vieille, que l’arrêt de ses règles fait qu’elle n’est plus une femme. « Absolument pas ! », s’insurge Diane Alot-Nolar. « La ménopause n’est pas du tout la fin de la féminité », renchérit-elle. La ménopause (à cause de la sécheresse et l’atrophie vaginales provoquées) rend les rapports sexuels douloureux. C’est la dyspareunie. Il apparaît évident, pour la sexologue, que ce profond inconfort influe sur le désir et le plaisir. Il n’est alors nullement surprenant que la femme développe des stratégies d’évitement des sollicitations intimes.
L’autre phénomène qui fait surface chez la quinquagénaire est le syndrome du nid vide. C’est ainsi que l’on décrit le fait qu’une fois les enfants partis, la mère est envahie par un sentiment de tristesse. Plus d’enfants, plus d’objectifs. Si le couple avait des problèmes latents (autrement appelés conjugopathie), ceux-ci ressurgissent plus intensément car le travail et la progéniture ne font plus écran. L’homme connaît également des désagréments causés par l’andropause : érections moins fermes ou absentes, baisse de la libido, des fantasmes et des rêves érotiques. On constate également un impact sur la période réfractaire. Après un orgasme, l’homme ne peut plus avoir d’érection pendant un certain temps. Avec l’âge, cette période s’allonge.
Quelles solutions ?
Votre gynécologue ou médecin traitant est là pour vous accompagner. Il trouvera des solutions médicamenteuses face au déficit hormonal. L’aromathérapie et l’homéopathie sont également des recours. Les pilules de Viagra ou Cialis sont désormais connues pour les problèmes de dysfonction érectile. « Le culte de la masculinité (et conséquemment celui de la performance) est très présent chez nous. L’Antillais est donc très attentif à son érection. Il se met la pression. Aussi, les troubles érectiles sont très mal vécus et provoquent de l’anxiété », indique Diane Alot-Nolar.
Sur un plan plus psychologique, elle recommande de se rapprocher d’un (psycho) sexologue pour se faire aider dans ces moments délicats. Elle ajoute recevoir « beaucoup d’hommes qui souffrent de carence affective dû au manque de démonstration de leur partenaire. À 50 ans, ils ont besoin d’être touchés. » Par ailleurs, il ne faut pas rester bloqué et savoir adapter sa sexualité. « La pénétration n’est pas une fin en soi. Il faut faire preuve d’imagination dans les positions, les jeux sexuels », conseille la professionnelle.
La clé, selon elle, est de porter un regard bienveillant sur soi. Ce qui, fort heureusement, est le cas de certaines femmes qui vivent la ménopause comme une libération. Plus de serviettes hygiéniques, plus de contraintes. Ces quinquagénaires, désormais épanouies, n’ont plus rien à prouver et décident de vivre leur sexualité comme elles l’entendent. Leur curiosité les amène à découvrir une sexualité récréative avec de nouvelles pratiques. Sans pression ni inhibition, elles (re)découvrent l’orgasme, selon Diane Alot-Nolar. « Vivre sa sexualité durant la ménopause dépend de sa personnalité. Si on est optimiste, on accepte les changements et on s’adapte. Ce n’est pas la fin de la vie sexuelle. »
Par Boni Kwaku