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Tatouages : de nouveaux risques ?

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Shutterstock

Tenté par un tatouage ? Lors de votre première visite, demandez donc quelle encre sera utilisée. En février dernier, l’association de consommateurs UFC-Que choisir alertait sur la présence de substances cancérogènes dans les encres.

Tribal, nature, réaliste… Le tatouage est à la mode. Environ 15 % des Français en portent, 25 % des moins de 30 ans. Mais avant de passer à l’acte, le candidat devra penser à se renseigner sur la composition des encres utilisées. Alors même qu’il s’agit d’un produit chimique, qui va rester à vie sous sa peau, au contact direct de ses cellules.

Titane, chrome, nickel…

Les pigments, d’abord : comme en peinture, les couleurs les plus belles sont obtenues avec des métaux ou des oxydes métalliques. En 2017, une équipe américaine analyse 226 encres de tatouage du commerce. Elle y trouve 15 métaux. Le titane (qui rend les couleurs plus vives), le fer (qui assombrit le noir) sont les plus courants. Mais ces derniers ne sont pas jugés toxiques. D’autres, si. Le chrome, le nickel, le cuivre, le plomb… pourraient provoquer des allergies ou affecter le système nerveux.

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En plus des pigments, les encres contiennent un cocktail de produits chimiques destinés à améliorer le procédé d’injection (des émollients, des fluidifiants, des solvants), à faire durer les couleurs (des conservateurs, des régulateurs de pH). Au total, plus d’une centaine de produits chimiques sont retrouvés dans les encres. Le test réalisé par l’UFC-Que Choisir le confirme*. Les enquêteurs ont fait analyser 20 encres vendues sur internet et couramment utilisées par les tatoueurs français. Les chimistes y confirment la présence de métaux (nickel, cobalt, manganèse, cadmium, antimoine, dioxyde de titane…).

Interdits et dangereux

Mais ils trouvent aussi des molécules organiques capables d’interagir avec les mécanismes biologiques (formaldéhyde, isothiazolinones), ainsi que des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ou des amines aromatiques potentiellement cancérigènes. Et même des conservateurs interdits dans la cosmétique, comme les parabènes, des perturbateurs endocriniens. Au total, 15 formulations analysées sur 20 sont jugées potentiellement dangereuses.

Certains pigments migrent

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Ce n’est que récemment que l’on découvre que l’encre ne teinte pas les cellules de la peau (les fibroblastes), mais qu’elle est incorporée par des cellules du système de défense immunitaire, les macrophages. Or, ces macrophages ont une durée de vie d’une vingtaine de jours. Quand ils meurent, leur contenu est relâché dans l’organisme. Comme les particules de peinture sont trop grosses pour se déplacer, elles restent sur place et sont de nouveau captées par un autre macrophage. Un mécanisme mis au jour par des chercheurs du Centre d’immunologie de Marseille-Luminy, en 2017, et qui explique pourquoi les tatouages durent alors que la peau se renouvelle sans cesse. 

Pour autant, une infime partie des encres peut se répandre dans l’organisme via les tissus et capillaires brisés par l’aiguille. Lors d’un tatouage, la peau accueille 1 mg d’encre par cm2 de peau. Et comme la mode est aux tatouages couvrant une large surface, avec des couleurs riches en pigments, les quantités peuvent être importantes.

Microparticules

En 2017, une équipe du Synchrotron, à Grenoble, observe que certains pigments migrent vers les ganglions lymphatiques, sous forme de nanoparticules. Chez les personnes tatouées, décédées, on y observe en effet des nanoparticules de dioxyde de titane. En 2019, ils montrent même que des fragments d’aiguille de tatouage suivent le même chemin. Sans doute abrasées par le passage de particules d’oxyde de titane qu’on trouve dans les encres, des microparticules métalliques (riches en chrome, nickel et fer), se retrouvent dans les nœuds lymphatiques, des hubs du système immunitaire. Ces mécanismes pourraient donc être à l’origine des réactions allergiques.

Rouge, rose, violet

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Car, si des risques existent, rien ne prouve aujourd’hui que les tatouages sont effectivement dangereux. L’effet secondaire le plus souvent répertorié à l’hôpital est la réaction allergique. Dans les trois quarts des cas, elle concerne des pigments rouges et ses dérivés rose et violet. Et reste bénigne. Quant aux effets graves (cancer, perturbation endocrinienne), s’ils sont craints, ils ne sont pas avérés.

*Que choisir n°600, mars 2021.

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