« Invincible », « colossal », invaincu depuis septembre 2010… Comment expliquer l’incroyable palmarès de Teddy Riner ? Décryptage et confidences de Yann Morisseau, son préparateur physique.
Ancien sportif de haut niveau en bobsleigh, ex-préparateur physique à la Fédération française de taekwondo et actuel entraîneur national d’haltérophilie à l’Insep, Yann Morisseau est le préparateur physique de Teddy Riner depuis 2010. Mieux que personne, il connaît les qualités physiques et mentales du judoka le plus titré de l’histoire. 10 fois champion du monde, 5 fois champion d’Europe et 2 fois champion olympique.
1. Une défaite mal vécue
Le 13 septembre 2010, en finale du championnat du monde « toutes catégories », à Tokyo, le Japonais Daïki Kamikawa devient numéro un mondial en battant le Français, alors tenant du titre. Une défaite après les prolongations, sur décision des arbitres, que Teddy Riner vit comme un hold-up. Selon lui, le « code moral » du judo a été bafoué. Ce jour-là, il se jure que ce scénario ne se reproduira pas et se construit un physique pour dominer littéralement sa catégorie. Cet échec devient sa source de motivation. Quand il revient 6 mois plus tard, lors du tournoi de Paris, il n’est plus le même. Il a pris en masse musculaire, a varié son judo de façon impressionnante. Une véritable machine de guerre qui a décidé que plus jamais que les arbitres n’auraient plus le pouvoir de trancher de cette façon, que ses victoires seraient sans appel.
2. Une domination psychologique
Lorsque Teddy Riner recroise la route de Daïki Kamikawa, au tournoi de Paris de 2011, il terrasse le Japonais en à peine 1 min. « Ce fut une véritable humiliation », raconte Yann Morisseau. Il a mis un point d’honneur à le battre en exécutant une clef de bras, ce qui impose à son adversaire de se soumettre. La pire des défaites pour un Japonais ! Kamikawa est sorti la tête baissée du tatami, son coach l’abreuvant d’insultes. Pour enfoncer le clou, Teddy pose ensuite pour les photographes face au panneau affichant le score nul de son adversaire. « Teddy vit la défaite comme une maladie. Il veut constamment dominer la discipline des lourds avec une autorité sans partage, pour susciter chez ses adversaires une peur viscérale. »
3. Des qualités athlétiques
Son incroyable mobilité lui permet de déstabiliser ses adversaires en bougeant en permanence. Son gabarit est un autre point fort. Ses 2,04 m et 145 kg lorsqu’il est à son poids de forme en font un des plus grands et des plus lourds judokas de sa catégorie. « Il présente aussi une puissance des quadriceps qui fait de ses cuisses de vrais pylônes, et une raideur des chevilles qui lui permet d’être extrêmement difficile à déséquilibrer. » Pour faire simple, le Guadeloupéen combat avec la vivacité d’un petit gabarit, face à ses adversaires qui bougent comme des ours. « C’est un vrai lourd qui dispose de qualités de léger. Mobilité, vitesse, explosivité et résistance, au service d’une maîtrise technique élevée et d’une aptitude à se transcender exceptionnelle. Si l’on ajoute une envergure démesurée et une poigne de fer, le cocktail est détonnant », décrypte Yann Morisseau, qui axe la préparation physique de Teddy sur ses principales qualités.
4. Un travail acharné
Sa préparation commence minimum 2 à 3 mois avant les compétitions de début de saison. Généralement, il effectue 2 à 3 entraînements par jour. En général, la journée démarre par un footing. À 10 h, la matinée se poursuit avec un 2e entraînement. La thématique de séance est souvent de la préparation physique, en salle de musculation. L’accent est mis sur sa puissance et son explosivité, pour entretenir ses qualités de mobilité. L’après-midi, il combat sur le tatami pour des randoris, avec des partenaires d’entraînement. Du judo pur. Du face à face, avec la difficulté de trouver des judokas avec un morphotype proche, c’est-à-dire mesurant près de 2 m et pesant plus de 130 kg. Il échange de nombreuses prises avec Nicolas Kanning, un colosse allemand qui est son sparring-partner fétiche depuis plusieurs années.
5. Un homme de challenge
Teddy fonctionne au défi, aime les challenges, et comme beaucoup de sportifs talentueux, se lasse assez vite des routines d’entraînements. D’où l’obligation pour Yann Morisseau de lui proposer des contenus diversifiés ! « Il faut constamment donner du sens à ce que l’on fait et trouver des éléments qui permettent à l’athlète de se projeter dans un « univers spécifique » même dans les séances physiques. »
Teddy en chiffres !
avec une main
avec une main
à la corde
à la corde
réalisées en 5 min
réalisées en 5 min
Bruno Coutant
Professeur de sport au Creps Antilles-Guyane